South Park en jeu, Castlevania de retour, Plants vs Zombies version shoot, des flippers mythiques, un indé corsé et des ninjettes délurées : l’actualité vidéoludique de la semaine par Erwan Higuinen.
Star : South Park : Le Bâton de la vérité
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Et si la meilleure transposition en jeu d’un univers venu d’ailleurs (du cinéma, de la télévision…) nous était tout juste arrivée ? On s’emballe mais South Park : Le Bâton de la vérité (Obsidian / Ubisoft, PS3, Xbox 360 et PC, 40 à 70 €) est sans aucun doute dans le peloton de tête. Laissons de côté la pseudo-affaire de censure de sa version européenne – en réalité des coupes effectuées par l’éditeur –, pour louer l’intelligence de l’adaptation, fruit de la collaboration entre le duo Trey Parker – Matt Stone (à qui, comme l’a souvent montré la série animée, l’univers vidéoludique n’est pas étranger) et le studio californien Obsidian (Fallout : New Vegas, Alpha Protocol), expert en jeux de rôle non conventionnels. L’esprit South Park et son art de la provocation potache sont bien là – passé les bornes, plus de limites, tout ça, se dit-on alors que vomissent les zombies nazis –, mais c’est surtout la manière dont Le Bâton de la vérité réussit à être à la fois complètement un jeu et un très bon épisode géant de la série, harmonieusement fondus l’un dans l’autre, qui suscite l’admiration. Il y une autre raison d’aimer le jeu : son réalisme. Entendons-nous bien : on reste dans le cartoon chouettement outrancier, voire dans le grand n’importe quoi, mais c’est un n’importe quoi qui, comme celui d’Earthbound dont Matt Stone revendique l’influence, dérive de notre monde et nous parle de lui. Pour ça aussi, sincèrement, youpi.
Suite : Castlevania : Lords of Shadow 2
Qu’est-ce qui cloche dans le nouveau Castlevania ? Conçu comme l’épisode précédent par le studio espagnol MercurySteam, Lords of Shadow 2 (Konami, PS3, Xbox 360, PC, 35 à 50 €) en reprend le cocktail de frénésie musclée, souplesse esthète et sens du show gothico-trash. Mais on n’y est plus, plus complètement, plus comme avant. Il y a pourtant du neuf : du cache-cache vampire (plus connu en milieu vidéoludique sous le nom d’infiltration), un monde ouvert, des séquences contemporaines. Et on dirige Dracula, ce qui a donné énormément d’idées excitantes aux développeurs. Sauf que non : efficace mais peu imaginatif, Lords of Shadow 2 a une tête de symptôme, celui du blockbuster ludique excessivement tourné sur lui-même, obsédé par la performance technique, par le toujours plus, par ce que fait la concurrence et que, du coup, il faut faire aussi – Batman, Prince of Persia, Devil May Cry, God of War, ils sont venus, ils sont tous là. Donc, oui, Lords of Shadow 2, ça se joue, on sait où on est. Mais une petite dose d’inconnu ne serait pas mal non plus.
http://www.youtube.com/watch?v=KnWEZrPc-hw
Rétro : The Pinball Arcade
Le jeu vidéo n’a jamais oublié son glorieux prédécesseur dans les bars, ce flipper que l’arrivée du jeunot avait bien secoué, façon coup de genou-gaffe au tilt. Mais si les simulations de flipper existent depuis longtemps (Macadam Bumper, dans nos mémoires tu demeures), on tient peut-être le spécimen ultime avec The Pinball Arcade (Fairsight / System 3, PS4, 40 €), fraîchement paru en boîte après un lancement en morceaux sur la boutique en ligne Sony. Et cette collection de 22 tables historiques appelée à s’enrichir – des tournois en ligne sont aussi annoncés – est un pur régal, que l’on soit plutôt Big Shot (1974), Black Hole (1981) ou Attack From Mars (1995). Si tout ici est soigné (à part la traduction française), c’est presque la bande son qui impressionne le plus, bruit des bumpers, chocs de la bille, effets futuristes d’il y a trente ans. Il ne manque que les verres qui s’entrechoquent – pour nous, ce sera un monaco, merci bien.
Indé : 10 Second Ninja
Vous n’en avez pas eu assez avec Super Meat Boy, N+ et Electronic Super Joy ? Vous voulez encore du jeu de plateforme hardcore, du à blêmir, à gémir, à s’arracher les cheveux en appelant sa maman ? 10 Second Ninja (Dan Pearce / Mastertronic, PC et Mac, 7,99 €) vient justement de sortir. Mais, ici, le premier adversaire est le chrono. Finir les niveaux – en tout cas les premiers – ne serait pas si ardu sans la limite de temps : 10 secondes, et même nettement moins si l’on veut débloquer la suite. Jouer revient vite à tenter de découvrir le parcours parfait, la chorégraphie implicitement inscrite dans le level design. « Ecrire sur la musique, c’est comme danser sur l’architecture », aurait dit Frank Zappa (ou Martin Mull, selon les sources). 10 Second Ninja, c’est ça : apprendre à danser sur l’architecture (des niveaux). Et si l’apprentissage est douloureux, la danse en vaut la peine.
Shoot : Plants vz Zombies – Garden Warfare
Parfois, les limites d’un jeu sont aussi les meilleures raisons de l’aimer. C’est le cas avec Garden Warfare (Popcap / EA, Xbox 360 et Xbox One, 25 à 40 €), jeu de tir dérivé du tower defense phénomène Plants vs Zombies et destiné à se pratiquer à plusieurs (pas de mode solo). Le manque de profondeur tactique ? Le tempo posé de l’action ? Ils ne sont pas pour rien dans le côté accueillant, gendarmes et voleurs costumés, poursuites dans la cour de récré c’est toi le chat, de ce jeu aux formes arrondies, aux couleurs chaudes qui rappelle les productions Rare d’antan (Banjo Kazooie, Donkey Kong 64…). Le shooter gentil et tout public est né.
Japon : Senran Kagura Burst
Cas de conscience : peut-on faire l’éloge d’un jeu dans lequel certains événements font grossir en gros plan la poitrine de ses héroïnes, lycéennes ninja dont les vêtements se déchirent quand leurs affrontements tournent mal ? On s’en tirera difficilement en plaidant le respect des spécificités locales sur le mode « Ces Japonais, quels originaux ». Mais il y a de ça : entre beat’em all kawaii, visual novel sarcastique et invitation décontractée à jouer à la poupée, Senran Kagura Burts (Marvellous 3DS, 35 €) est un concentré de culture ludique (et manga, et anime) nippone et c’est sans doute ainsi qu’il faut l’aborder, entre embarras, fascination et plaisir. Car, oui, du combat (l’essentiel du jeu) aux options qui l’entoure, Senran Kagura Burst se révèle aussi une joli leçon de game design – à défaut de briller par son féminisme.
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