La fin du monde comme si on y était, le petit coup de pompe de Nintendo, Léonard de Vinci et Sherlock Holmes en jeu vidéo et le nouveau Pix’n Love : l’actualité vidéoludique de la semaine par Erwan Higuinen.
Gratuit : TRIHAYWBFRFYH
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Ou, pour être précis The Rapture Is Here And You Will Be Forcibly Removed From Your Home (sur Mac et PC, gratuit). C’est l’un des titres les plus longs de l’histoire du jeu vidéo, pour une expérience qui ne dure pas plus de 20 minutes. Mais quelles minutes ! Rares sont les jeux qui laissent une impression si forte, si perturbante. Car ces minutes, ce sont les dernières de l’humanité, que l’on passe à errer entre les arbres, passant près d’une maison, avant de se diriger, incertain, vers d’étranges colonnes de lumière. Alors, des voix se font entendre qui nous disent un peu de ce qui s’est passé. Le sens des mots (c’est du Lovecraft, en VO), nous échappe un peu, nous sommes déjà un peu partis. Bientôt, tout sera fini mais, en attendant, le sentiment de voir les choses pour la dernière fois (et non pour la première comme c’est généralement le cas dans le jeu vidéo) se fait de plus en plus fort. Dans la famille des jeux indés détournant les codes du FPS (Gone Home, The Novelist…), TRIHAYWBFRFYH est le plus dépouillé, quelque part entre un Journey funèbre, un Proteus désenchanté et une confirmation fatale des angoisses du héros de Take Shelter. Maîtrise des effets, économie de moyens (et d’interactions), finesse d’écriture : l’œuvre du Canadien Connor Sherlock est une révélation.
Coup de pompe : Mario Party : Island Tour et Dr Luigi
Nintendo n’est pas au mieux, comme vient de le montrer l’annonce par son président Satoru Iwata d’objectifs de ventes revus à la baisse. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Toujours est-il que les deux dernières parutions de la firme japonaise semblent curieusement jouer la sécurité. Bien sûr, ni la déclinaison 3DS de la collection de mini-défis Mario Party : Island Tour (40 €) ni le relookage Luigi (agrémenté de diverses variations de gameplay) du vieux puzzle game Dr Mario (sur Wii U, 15 € en téléchargement) ne sont de mauvais jeux. Ils remplissent leur contrat très honorablement et se révèlent tout à fait efficaces, complets et soignés. Mais quelque chose manque – un peu d’audace, de prise de risque dans le design et / ou la mise en scène. Quelque chose qui, justement, semblait inscrit dans l’ADN de Nintendo et qui faisait encore briller de mille feux tout récemment Super Mario 3D World. Les inventeurs de Zelda, Donkey Kong et Pikmin seraient-ils devenus frileux ?
Polémique : Mort aux soldes !
C’est un spectaculaire pavé dans la mare indé que Jason Rohrer, figure du jeu expérimental (Gravitation, Passage…), a jeté avec sa tribune publiée sur le site de référence Gamasutra. Son titre : « Why Rampant Sales Are Bad For Players. » Ses cibles : la fréquence des soldes et promis sur la boutique en ligne Steam, les lots de jeux généralement vendus à très bas prix (car celui-ci est fixé par l’acheteur lui-même) via des opérations comme Humble Bundle et, plus généralement, tout ce qui concourt à installer dans les esprits l’idée qu’il vaut mieux attendre pour acheter un jeu (indépendant) dont le prix ne peut que baisser avec le temps, aussi bas soit-il au moment de son lancement. Et, du même coup, à fragiliser la situation financière des petits développeurs. Pour sa prochaine création, le déjà controversé The Castle Doctrine (dans lequel il faudra piéger sa maison pour venir à bout des cambrioleurs), attendu le 29 janvier, Jason Rohrer annonce son intention de faire exactement l’inverse : après une promo de lancement, le jeu verra son prix grimper jusqu’à un montant dont, soldes Steam ou pas, il ne devrait plus bouger. Le prise de position de Rohrer a déjà suscité des réactions sur des sites influents comme Rock, Paper, Shotgun ou Edge. Le débat ne fait sans doute que commencer.
http://www.youtube.com/watch?v=2OfcwdEaNzQ
Indé : Painters Guild
Vos nouveaux héros ont pour noms Leonard de Vinci et Andrea Del Verrocchio. Votre mission : répondre aux commandes de la population florentine qui vient vous réclamer des tableaux. Et soudain, une lettre : Donatello vient de mourir, vous récupérez la clientèle des Médicis. Bon pour les affaires… Au bout de quelques minutes, l’aventure s’achève brusquement mais ce n’est encore qu’un avant-goût de ce que sera Painters Guild, le nouveau jeu de Lucas Molina, actuellement candidat à l’entrée dans la boutique en ligne Steam. Le développeur brésilien promet un résultat final beaucoup plus riche, avec d’autres artistes (Botticelli, Raphaël, le Caravage…), 250 ans d’histoire, de la love story homo et hétéro… Pour le moment, la démo jouable en ligne laisse un peu perplexe, mais on n’est pas moins curieux d’en voir davantage. Et, alors qu’est par ailleurs attendu un jeu en ligne inspiré de l’œuvre de Jane Austen, on attendra encore avant de redouter que le jeu vidéo prenne un virage trop culturellement correct.
Lecture : Pix’n Love #24
On craignait la revue (ou plutôt le mook, comme on dit) de retrogaming Pix’n Love en sommeil, un peu laissée de côté par la maison d’édition du même nom qui, ces derniers mois, a multiplié les publications – derniers ouvrages arrivés : une bio d’Eric Chahi et l’histoire de la Xbox, on y reviendra. Pix’n Love est heureusement toujours bien vivant et, alors même que son numéro 24 vient de sortir, le suivant est d’ores et déjà annoncé (avec Strider en couverture). Mais arrêtons-nous déjà au 24, qui rend hommage à Hiroshi Yamauchi, le président historique de Nintendo disparu en septembre dernier. C’est Florent Gorges, l’auteur de l’indispensable Histoire de Nintendo (dont trois tomes sont parus à ce jour) qui retrace la vie de l’homme qui a lancé la firme japonaise dans le jeu vidéo en soulignant ses méthodes, ses inspirations et en comparant notamment son parcours à celui de Steve Jobs. Parmi les autres sujets de ce numéro (qui se penche aussi sur Killer Istinct, Medievil, Panzer General ou Delphine Software) : un passionnant entretien avec Frank Ballouz, ex d’Atari (1975-1983) et de Nintendo (1983-1984) qui a vécu de l’intérieur la crise et la renaissance des consoles dans les années 1980.
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A venir : Sherlock Holmes : Crimes & Punishments
Les séries ludiques au long cours n’ont pas toutes bonne réputation. Pour quelques unes qui traversent le temps avec panache (Mario, Metal Gear Solid, Zelda…), combien radotent et/ou perdent leur âme ? Et puis il y a le cas presque unique des jeux Sherlock Holmes du studio ukrainien (mais fondé par des Français) Frogwares : depuis 2002, chaque nouvel épisode (ou presque) se révèle meilleur (plus subtil, plus joli, mieux écrit…) que le précédent. Et le septième (hors spin-offs), attendu au printemps (chez Focus, sur PS3, PS4, Xbox 360 et PC), semble suivre cette bonne habitude avec ses déplacements plus libres et les passages dans la tête de Sherlock Holmes pour transformer nos observations en déductions et décisions. Mais quelque chose d’autre a changé depuis 2002 : de la série Sherlock aux films avec Robert Downey Jr, le résident de Baker Street est aujourd’hui omniprésent. « Nous sommes sans doute les plus grands fans de Sherlock Holmes, assure Olga Ryzhko de Frogwares. Nous regardons tout ce qui se fait, nous aimons certaines choses, d’autres moins – il y a une série télé russe très bizarre… Nous essayons surtout de préserver ce qui fait Sherlock Holmes. » Et si l’incarnation de ce dernier la plus fidèle à la vision de Conan Doyle était aujourd’hui vidéoludique ?
https://www.youtube.com/watch?v=SktpvvZMO5E
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