Le 14 mars, la productrice de télévision Marina Ovsyannikova interrompait le JT le plus suivi de Russie sur Channel One en brandissant une pancarte contre la guerre. Un geste héroïque qui a suscité une vague de soutiens dans le monde entier. Elle a été condamnée à une amende de 30 000 roubles.
Il s’agit là d’un véritable acte de résistance mené courageusement par Marina Ovsyannikova, productrice et employée pour la chaîne Channel One, contrôlée par le régime autoritaire russe. Sur la pancarte sont inscrits les mots “Non à la guerre” en anglais, puis “Les Russes sont contre la guerre. Arrêtez la guerre, non à la guerre”, en référence à l’invasion menée par le gouvernement russe en Ukraine depuis le 24 février.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
L’image a rapidement inondé les réseaux sociaux et les médias du monde entier. La femme a tout de suite été arrêtée et la chaîne s’est empressée de couper le programme avec un documentaire. Inconnue au moment des faits, Marina Ovsyannikova a été identifiée par l’OVD-Info, l’ONG russe de défense des droits humains, qui a également publié une vidéo préenregistrée de la journaliste, devenue virale à son tour.
Elle y explique son geste : “Ce qu’il se passe actuellement en Ukraine est un crime. Toute la responsabilité de cette agression repose sur la conscience d’un seul homme : Vladimir Poutine. Mon père est ukrainien, ma mère est russe. Ils n’ont jamais été ennemis. […] Malheureusement, je travaille pour Channel One depuis plusieurs années, pour promouvoir la propagande du Kremlin, et j’en ai honte. J’ai honte d’avoir permis que soient diffusés des mensonges à la télévision et d’avoir participé à zombifier le peuple russe. […] Dix générations ne suffiront pas à laver la honte de cette guerre fratricide. Nous sommes des Russes, pensants et intelligents, et il est seulement en notre pouvoir d’arrêter toute cette folie.”
La journaliste finalement condamnée
Alors que la journaliste était introuvable par ses avocats, elle est apparue ce 15 mars aux côtés de son avocat Anton Gashinsky au tribunal de Moscou sur une photo postée sur Telegram, d’après le média américain CNN. Peu après, l’AFP a annoncé sa remise en liberté, après avoir été condamnée à 30 000 roubles d’amende pour la vidéo préenregistrée. Marina Ovsyannikova a plaidé non-coupable, ajoutant : “Je reste convaincue que la Russie commet un crime […] et qu’elle est l’agresseur de l’Ukraine”, toujours selon une journaliste de l’AFP. Marina Ovsyannikova pourrait toutefois être encore poursuivie pour son irruption sur le plateau de télévision.
L’acte de Marina Ovsyannikova, qualifié de “hooliganisme” par le Kremlin, a fait l’objet d’une enquête préliminaire pour “diffusion publique d’informations délibérément fausses sur l’utilisation des forces armées russes”, selon l’agence de presse russe Tass. Pour rappel, ce mois-ci, Vladimir Poutine a signé un projet de loi qui incrimine les “fausses informations” sur la guerre en Ukraine qui iraient à l’encontre du discours officiel. Les médias ont d’ailleurs pour interdiction d’utiliser le mot “guerre” pour décrire l’intervention des forces armées russes en Ukraine, sous peine d’encourir jusqu’à 15 années de prison, selon le Comité pour la protection des journalistes.
Sur les réseaux sociaux, Ovsyannikova avait suscité un grand nombre de commentaires de soutien et d’admiration. De son côté, le président français Emmanuel Macron avait annoncé durant son déplacement dans le Maine-et-Loire ce 15 mars qu’il proposerait une “protection consulaire” à Marina Ovsyannikova.
{"type":"Banniere-Basse"}