L’illustre canular d’Orson Welles a-t-il réellement provoqué une marée d’hystérie ? La population est-elle sortie dans la rue, horrifiée et convaincue d’une invasion extraterrestre imminente ? La Guerre des mondes, fiction de H.G. Wells rendue légendaire par la cristallisation de quelques scènes de désespoirs par Orson Welles et son Mercury Theatre on the Air (Le Théâtre Mercury […]
L’illustre canular d’Orson Welles a-t-il réellement provoqué une marée d’hystérie ? La population est-elle sortie dans la rue, horrifiée et convaincue d’une invasion extraterrestre imminente ? La Guerre des mondes, fiction de H.G. Wells rendue légendaire par la cristallisation de quelques scènes de désespoirs par Orson Welles et son Mercury Theatre on the Air (Le Théâtre Mercury sur les ondes), aurait davantage amusé que terrorisé.
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Contrairement aux idées véhiculées, la pièce est devenue mythique bien après sa première diffusion et n’aurait ni rencontré son public ni provoqué la psychose escomptée le soir du 30 octobre 1938. Seul 2 % de la population américaine l’aurait écoutée en direct. Loin de paniquer, elle aurait au contraire adoré se faire peur, voyant la pièce radiophonique « comme une farce ». Les années 30 marquent les prémices du film d’horreur et de son lot de créatures maléfiques (l’Ile du docteur Moreau, Frankenstein, La Momie). Bien que la démesure du shows corresponde aux attentes du moment, la pièce ne connaît – sur l’instant – que de petites retombées. D’après Slate, sa légende s’est construite sur des rumeurs lancées de scènes de paniques, de suicides, qui n’ont fait qu’amplifier avec le temps. En 1940, un étudiant de Princeton aurait évalué à “plus d’un million » le nombre de personne « effrayées » par la pièce.
Pour Thomas Snégaroff, historien et spécialiste des Etats-Unis, ce feuilleton doit son retentissement au relais médiatique des journaux qui n’était pas dépourvu d’innocence.
“Il faut remettre les choses dans le contexte de l’époque. La radio était un média neuf, qui depuis la campagne d’élection de Roosevelt, ringardisait la presse écrite, en relayant cette histoire, il est probable que les journaux cherchaient à prouver que la radio n’était pas fiable.”
Une réinvention de l’émission mythique
Sur France Culture, Alexandre Plank réinvente une nouvelle version de ce canular mythique. Il arrive à confondre les époques et à retranscrire le sentiment d’apocalypse qu’Orson Welles avait tant recherché. A la veille d’Halloween, une émission de divertissement de CBS est interrompue par un mystérieux communiqué qui avertit de l’arrivé d’un « gaz incandescent » à une vitesse considérable en direction de la Terre. Il est vite question d’une invasion extraterrestre dans une partie du New Jersey. Les peurs d’en temps sont exploitées jusqu’au grotesque mais ne virent en aucun cas au ridicule.
Plank réemploie les créatures cauchemardesques de Welles, instaure une ambiance Mars Attack à grand renfort de cratères, de lumières destructrices, de vaisseau extraterrestre. La maitrise du sensationnel est incontestable : un duplex accorde la priorité au « direct« . Les communiqués fusent, la chaîne feint des ruptures de communications, annonce des autoroutes bouchées, un reporter est déclaré carbonisé, des rescapés évoquent des créatures carnivores… La mise en scène catastrophe réunit tous les éléments pour susciter un effroi collectif chez les auditeurs.
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