Née entre 1990 et 2000, la jeunesse nourrie à l’iPad et à Netflix cloue le bec aux trentenaires. “Je vous réponds dès que je rentre de l’école”, tweete Tavi Gevinson à ses 230 000 followers. Vous souvenez-vous de la bloggeuse de 12 ans à grosses lunettes qui avait créé un buzz avec ses tenues théâtrales […]
Née entre 1990 et 2000, la jeunesse nourrie à l’iPad et à Netflix cloue le bec aux trentenaires.
« Je vous réponds dès que je rentre de l’école”, tweete Tavi Gevinson à ses 230 000 followers. Vous souvenez-vous de la bloggeuse de 12 ans à grosses lunettes qui avait créé un buzz avec ses tenues théâtrales inspirées des eighties qu’elle n’avait jamais connues, le tout shooté dans sa chambre au fin fond de l’Illinois ? Aujourd’hui lycéenne âgée de 17 ans, elle vient de signer son troisième livre et dirige le e-magazine branché Rookie. Pendant son temps libre, la petite prodige aux cheveux décolorés écoute des podcasts du philosophe slovène Slavoj Zizek ou des remix de sa copine Grimes. Tavi est la figure de proue de la génération Z, les 15-25 ans : ils ne se souviennent pas d’un monde sans crise et n’ont pas suivi les traces et diplômes des aînés pour s’immerger dans la société.
Si la génération Y se démarquait par son hyperconnectivité et son nomadisme (merci Erasmus et Ryan Air), ces bambins sont sa version 4G. Ils savent coder en HTML dès le primaire, créent des blogs à la récréation et prennent des notes de cours sur leur iPad mini. Ils sont surinformés et désinhibés. Ils ne font pas de séparation entre la vie réelle et la vie digitale tant cette dernière a joué un rôle-clé dans leur éducation. Il n’y a pas de différence, donc, entre un travail en communauté et en réseau, entre une rencontre amoureuse sur Tinder ou dans un bar local. Le désincarné n’imite plus le monde tangible mais en fait entièrement partie. “C’est précisément ce sentiment de flou qui démarque les teenagers et jeunes adultes d’aujourd’hui”, analyse Mathieu Landais, scénariste du prochain film de Larry Clark, The Smell of Us, qui traite du quotidien d’un groupe de jeunes skaters à Paris. “On ressent une réelle porosité et fluidité entre les sexes, milieux, pratiques et professions.” Une génération néo-free love à la 70’s revue façon 3.0, hédoniste à souhait, voit le jour.
Dans un monde où toute stabilité professionnelle semble relever de la légende urbaine, ces jeunots donnent un ton do it yourself à leur carrière. Ils font naître un entreprenariat à petite échelle et doucement solidaire, qui prône le travail de groupe et la philosophie du partage. On préfère louer des films et des chansons sur Spotify et Netflix que de les acheter. Ils plébiscitent le libre accès à l’acquisition. Crise ou pas crise, le tableau de la génération à venir est plutôt optimiste.