Pour la gauche de la gauche et une partie du PS, la victoire du “oxi” grec permet de remettre en cause l’exécutif, voire de réorienter l’Europe.
Trois jours que le “non” grec l’a emporté à 61 %, mais l’émotion est encore palpable dans la voix de Pascal Cherki, député PS, présent à Athènes ce soir-là, mandaté par la motion B (celle des frondeurs, à 30 % au dernier congrès).
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Ce 8 juillet, il prend la parole devant une salle comble à la Maison de l’Arménie, dans le IXe arrondissement parisien, aux côtés de Christian Paul et Marie-Noëlle Lienemann (PS), David Cormand (EE-LV), Gilles Garnier (PCF) et Aliki Papadomichelaki, ancienne responsable du département de politique extérieure de Syriza.
Un appel de la motion B
Les militants et sympathisants, réunis à l’appel de la motion B du PS sur le thème “Quelle Europe après le non du peuple grec à l’austérité ?”, l’écoutent avec l’attention que l’on accorde à ceux qui ont vu l’histoire en marche.
Pascal Cherki raconte la place Syntagma noire de monde, et le discours qu’il y prononça en faveur du “non”, entre les interventions de plusieurs représentants de la gauche européenne, dont ceux de Podemos. “Ensuite, il s’est passé quelque chose qu’on ne pourrait pas voir dans un pays comme la France, annonce-t-il. Une délégation de militants conduite par la direction de Syriza est allée chercher le camarade Tsípras au gouvernement, situé à 500 mètres. »
« Le gouvernement est arrivé en bras de chemise, le Premier ministre en tête, a fait jonction avec la foule, puis est parti en cortège à Syntagma. Tsípras a fendu la foule et a fait le discours de rassemblement et d’unité nationale que vous avez entendu”.
La Grèce redonne espoir aux frondeurs
La petite Grèce rouge fascine la gauche française. Son “non” à l’austérité du 5 juillet a non seulement ébranlé l’Europe mais aussi rouvert des débats internes “enterrés vivants après 2005, et même après 2008”, estime Christian Paul, député PS de la Nièvre, et porte-parole des frondeurs.
Des questions aussi “essentielles” que la “nuisance des politiques d’austérité”, “l’insuffisance de nos moyens de réponse aux crises économiques et financières” et “l’insuffisance qualitative de démocratie dans l’Union européenne” renaissent de leurs cendres.
Alors que François Hollande s’était engagé en 2012 à “réorienter l’Europe” et à renégocier le pacte budgétaire européen, le défi de Syriza à l’Europe jette une lumière crue sur l’exercice du pouvoir par le PS. “Ça met le doigt sur toutes les contradictions du quinquennat depuis ses origines”, estime Gérard Filoche, membre du bureau national du PS.
“L’interpellation du gouvernement français par le gouvernement grec est l’occasion d’une remise en cause, après l’occasion perdue de la réorientation de 2012”, confirme Christian Paul.
Mélenchon félicite le président Hollande
Depuis les résultats du référendum, le gouvernement français montre une plus grande détermination à aider la Grèce. Le 8 juillet à l’Assemblée nationale, Manuel Valls l’a martelé : “La France refuse que la Grèce sorte de la zone euro.”
A tel point que même Jean-Luc Mélenchon a félicité le président de la République le 8 juillet sur I-Télé pour son attitude dans le dossier grec, même s’il a “mis beaucoup de temps à comprendre le sérieux de la situation”. Comme si le centre de gravité de la gauche s’était soudainement déplacé sous l’effet du “non” grec.
Selon le politologue Rémi Lefèbvre, “on est dans un moment très critique, et, dans la logique de négociation avec Angela Merkel, où il a besoin d’appuis, François Hollande bascule à gauche ponctuellement. Va-t-il pousser son avantage ou se contenter d’éviter le Grexit ? C’est toute la question.“
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