Entre 150 et 200 manifestants ont défilé à Paris ce samedi en faveur de l’autogestion, à l’appel de la Fédération anarchiste. L’occasion aussi de dire non au G8, alors que d’autres organisations avaient préféré se rendre au Havre.
“Au lieu de toujours manifester contre quelque chose, pour une fois on a voulu défiler pour”, explique un militant à la barbe aussi longue que les cheveux de Léo Ferré. Il vend Le Monde Libertaire, la une barrée de « L’autogestion, vite!« , aux membres du cortège et passants intéressés.
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La manif anarchiste avance, bon enfant, loin du cliché télé du black bloc qui défonce des banques. Cent cinquante à deux cents personnes, jeunes, vieux et moyens, défilent de Belleville à République. De temps en temps, le camion-sono crache une chanson des Bérus, les militants lancent un “à bas l’Etat, les flics et les patrons” ou “qui sème la misère récolte la colère”.
Sur les trottoirs, les promeneurs ont l’air de trouver ça bizarre et regardent les drapeaux noirs, sans plus. Au micro, quelqu’un explique le mot d’ordre :
“Nous contenter de négocier des reculs ne nous suffit pas. Ce n’est pas dans les urnes que nous plaçons nos espoirs. Nous voulons reprendre le contrôle de nos vies, lancer des initiatives, fédérer celles qui existent déjà.”
Pour ce petit cortège, l’autogestion à travers des micro-réalisations – squats, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, coopératives, lycées autogérés – représente des “lieux d’apprentissage et d’expérimentation”. Des outils d’émancipation contre une “République mensongère”, une “République du règne de l’argent”.
La manifestation intervient à la fin d’un mois de mai marqué par la réflexion sur l’autogestion au sein de la Fédération anarchiste : projection de documentaires, rencontres-débats, émissions spéciales sur Radio Libertaire. Elle tombe aussi le jour de la mobilisation unitaire contre le G8, qui a rassemblé entre 4000 et 7000 personnes au Havre.
Sur le sujet, de forts débats ont agité l’extrême-gauche pour savoir s’il valait mieux s’y rendre, au risque de tomber dans l’escarcelle policière, ou mener des actions décentralisées. Pour la FA pas de doute : inutile de se jeter dans la gueule du loup.
Camille Polloni
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