Nicolas Sarkozy a été sifflé à Libreville lors des obsèques d’Omar Bongo. Mais la disparition du doyen des chefs d’états africains sonne-t-elle pour autant le glas de la Françafrique ? Rien n’est moins sûr… Retour historique et vérification sur le net.
Avec la mort d’Omar Bongo, c’est un symbole de la Françafrique (concept inventé par François-Xavier Verschave) qui disparaît. A 73 ans et après plus de 40 ans au pouvoir (images de sa première visite en France en tant que président du Gabon… en 1968, sur ina.fr), le doyen des chefs d’Etat africains a ainsi vu défiler tous les présidents français depuis De Gaulle (diaporama du New York Times), nouant avec eux des relations pour le moins privilégiées. Affaire Elf, financements occultes des partis politiques, médiations avec des dictateurs africains… Bongo a été de tous les coups tordus depuis 40 ans (rappel des faits sur Rue89).
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En dépit des promesses électorales de Nicolas Sarkozy de “tourner la page”, la France ne semble en effet pas encore prête à rompre avec ce système politico-mafieux aux accents néocolonialistes mis en place dans les années 60 (notamment par le biais de certains accords de coopération, comme celui dont on peut lire par exemple les clauses non secrètes sur le site du ministère des Affaires étrangères), et jamais contesté depuis, malgré la percée commerciale de la Chine dans le pré carré français (sur Dailymotion, analyse éclairante du Dessous des cartes). Si personne n’a oublié la détermination de Jean-Marie Bockel à “signer l’acte de décès de la Françafrique”, lors de sa brève carrière de secrétaire d’Etat à la Coopération, on se souvient surtout de la promptitude avec laquelle il fut éjecté de son poste (Le Monde diplomatique), sur les conseils avisés, dit-on, du président gabonais (interviewé à cette occasion par Canal+).
C’est qu’on ne s’attaque pas si facilement aux “amis de la France”, comme en témoigne la récente affaire des “biens mal acquis”. En mars 2007, l’association Survie, ainsi que les ONG Transparency International et Sherpa, décident de porter plainte pour “recel de détournement de biens publics et complicité” contre trois dirigeants africains, dont Omar Bongo, après avoir mis au jour l’énormité du patrimoine de ces derniers (des dizaines de résidences en France, dont on peut voir les photos sur Flickr ; dossier complet téléchargeable). L’affaire est classée sans suite… En 2009, une nouvelle plainte pour cette même affaire, bien que jugée recevable par la juge d’instruction en charge du dossier, a fait l’objet d’un appel du parquet, visiblement sur ordre de l’Elysée (cellulefrancafrique.org). Décidément, la Françafrique a encore de beaux jours devant elle.
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