En finira-t-on avec les discriminations liées aux origines et à la couleur de peau ? Non, si l’on en croit l’institut ISM Corum, à l’origine d’un rapport explosif. Pour obtenir un prêt ou un crédit immobilier dans une agence, les Blancs et les non-Blancs ne sont pas logés à la même enseigne, loin s’en faut. Les […]
En finira-t-on avec les discriminations liées aux origines et à la couleur de peau ? Non, si l’on en croit l’institut ISM Corum, à l’origine d’un rapport explosif. Pour obtenir un prêt ou un crédit immobilier dans une agence, les Blancs et les non-Blancs ne sont pas logés à la même enseigne, loin s’en faut. Les pratiques pointées du doigt semblent provenir d’un autre siècle.
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Difficile de s’en rendre compte si l’on est un homme caucasien. La discrimination fait pourtant bel et bien partie du quotidien de milliers de personnes. Au travail, à l’embauche, et même dans les banques. En témoigne ce rapport commandé par la ville de Villeurbanne, mené par l’ISM Corum et dévoilé par le Défenseur des droits, Jacques Toubon. Dans cette ville, située dans l’agglomération lyonnaise, 90 tests sont réalisés dans des agences bancaires pour recenser les différentes formes de discrimination. Rien n’est laissé au hasard. Dans le viseur du rapport, on retrouve tout type de banques.
« L’entretien a eu lieu debout »
Banque populaire, BNP Paribas, Caisse d’épargne, CIC, Crédit agricole, Crédit coopératif, LCL, Société générale, Crédit foncier, Crédit Mutuel, HSBC, La Banque postale: au total, 75 établissements bancaires (63 agences de 12 banques) ont été passés au crible.
Les résultats sont formels. En moyenne, avec des profils bancaires identiques mais avec des couleurs de peau différentes, une personne sans origine migratoire apparente « a fréquemment bénéficié d’une offre plus attractive, en particulier sur le taux d’intérêt (dans neuf agences, contre une seule où l’inverse s’est produit) », constate le rapport.
La discrimination ne s’arrête pas aux offres bancaires. « La conseillère se trouvait à l’accueil à mon arrivée, elle m’a mis dans un angle droit sans m’offrir de place assise. L’entretien a eu lieu debout. L’ambiance n’était pas à l’intimité car les autres clients qui venaient à l’accueil suivaient notre conversation. Tout s’est passé rapidement, elle ne m’a pas laissé l’occasion de poser des questions« , témoigne un testeur d’origine subsaharienne.
En réalité, l’origine ethno-raciale des clients change radicalement la prise en charge par les banquiers. Les comportements racistes et discriminatoires se situent à tous les niveaux : accueil sommaire, manque d’information, offres proposées moins attractives. Le rapport observe également une propension plus large à la discrimination lorsque le client est une femme.
Une étude déjà contestée
Face aux résultats pour le moins explosifs de ce testing, le Défenseur des droits s’est saisi du dossier. Le ministère de l’Economie et le Secrétariat d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes seront informés des résultats. Quant aux acteurs bancaires, mis au pied du mur, ils accusent le coup sans se démonter. La Fédération bancaire française a réagi dans un communiqué, mettant en cause « l’approximation de la méthode » de l’Institut. « La méthode du testing est scientifique, nous avons participé au comité de suivi et lui avons apporté notre expertise« se défend Slimane Laoufi, chargé des discriminations dans le secteur privé auprès du Défenseur des droits. Pas sûr, donc, que le secteur bancaire décide de se remettre en cause à la suite de ces révélations.
En France, un "testing" prouve des discriminations raciales pour les demandes de crédits des particuliers pic.twitter.com/wFPPIP5fcc
— BFMTV (@BFMTV) September 21, 2017
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