La députée socialiste vient de se faire condamner par la justice, aujourd’hui même, à trois ans de prison dont deux avec sursis pour détournement de fonds publics (plus de 700 000 euros) à des fins électoralistes. Explications.
En dépit d’une défense se déchargeant sur d’autres petits camarades, la député PS Sylvie Andrieux vient d’être condamnée, mercredi 22 mai, par le tribunal correctionnel de Marseille à trois ans de prison, dont deux avec sursis, 100 000 euros d’amende et cinq années d’inéligibilité. Motif : détournements de fonds publics, plus de 700 000 euros, au préjudice du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.
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La condamnation est un poil plus lourde que celle réclamée par le procureur il y a un mois (deux ans de prison avec sursis, 50 000 euros d’amende et cinq années d’inéligibilité). Ayant toujours clamé son innocence, la député devrait faire appel cet après-midi. Une démarche qui suspendrait les effets de sa condamnation.
Petit rappel
L’enquête avait été déclenchée en 2007 après que le ministère des Finances a signalé à la justice des flux financiers suspects arrivant sur les comptes d’associations marseillaises dont l’objet officiel était d’œuvrer en faveur des quartiers difficiles et de la jeunesse. Ces assos-coquilles-vides ont ensuite servi à rétribuer des personnes ayant travaillé à l’implantation et l’élection de Sylvie Andrieux, notamment dans le 14e arrondissement de Marseille.
Les faits se sont déroulés entre 2005 et 2008, date à laquelle Sylvie Andrieux officiait comme vice présidente déléguée à la politique de la ville. La politique, a tranché la justice, a versé quelque 716 000 euros à ces associations fantômes.
Lors de ses réquisitions, le procureur avait solennellement déclaré que : « ce dossier a installé la fraude au sein de la région (…) Il n’est pas concevable de domestiquer l’électorat avec des fonds publics, qu’ils deviennent une monnaie d’échange entre élus et citoyens. »
Un clientélisme qui n’est pourtant pas un cas isolé dans la cité phocéenne. Ni dans le reste des villes, régions et département de métropole et d’outre-mer d’ailleurs.
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A 51 ans, Sylvie Andrieux, comme nombre d’élus, est une héritière. De son père d’abord qui fut l’un des bras droit de Gaston Deferre, ex ministre de la IVe et de la Ve République et maire indécrottable de Marseille (de 1944 à 1945 puis de 1953 à 1986). Héritière politique également de Jean-Claude Gaudin, l’actuel sénateur-maire UMP de la ville, dont elle fut la conseillère municipale. Depuis 1997, sans interruption, Sylvie Andrieux est députée des Quartiers Nord. Depuis le début de cette affaire, elle s’estime victime « d’un traquenard judiciaire« .
Deuxième affaire pour le PS dans le département
Lors de son procès qui s’est déroulé du 4 au 22 mars dernier, elle s’est déchargée de ses responsabilités. Elle a pointé la trahison supposée de certains de ses collaborateurs, notamment son ex attaché parlementaire Rolland Balalas. Ce dernier vient d’être condamné à 30 mois de prison avec sursis. Elle avait également accusé Michel Vauzelle, président PS de la région, qui a bénéficié dans ce dossier du statut de témoin assisté.
Gaëtan Di Marino et Pierre Haïk, les deux avocats de Sylvie Andrieux, ont annoncé que l’élue ferait appel. Sa condamnation ne deviendra donc définitive que si elle est confirmée en appel. Pas de commentaires sur son éventuelle participation aux élections municipales de 2014. Alors que l’élue était déjà mise en examen depuis deux ans, Solférino lui avait retiré son investiture partisane à la veille des élections de juin 2012, son renvoi en correctionnelle ayant fuité dans la presse. Cela ne l’avait pas empêchée de remporter un quatrième mandat, de justesse au second tour face au Front national. Avec celle des frères Guérini, l’affaire Andrieux devient donc la seconde à déranger le PS dans le département.
Andrieux n’est pas tombée seule
Un article de Bakchich prévenait que ce procès ne serait pas celui du clientélisme marseillais. Pour une raison simple : dans ce dossier, nombre d’élus importants ont échappé à une mise en examen ou à un renvoi devant le tribunal correctionnel. Néanmoins, Andrieux n’est pas tombée seule.
Des peines allant de 30 mois de prison ferme à six mois avec sursis ont été prononcées à l’encontre des 21 autres prévenus qui ont comparu avec Sylvie Andrieux. La cour a également accordé au conseil régional 716 593 euros de dommages, que les prévenus devront solidairement verser en réparation du préjudice subi.
L’avocat de Sylvie Andrieux, qui n’était pas présente à l’annonce du délibéré, a quitté le tribunal sans faire de commentaire. L’élue doit faire savoir dans l’après-midi si elle fait appel du jugement. « Cette décision est une reconnaissance des faits. Elle montre que la région a été escroquée, c’est une décision satisfaisante« , a estimé de son côté Gilles Gauer, l’avocat du conseil régional.
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