Originaire et basée à Düsseldorf Stéphanie Hahn a crée 22/4, une marque qui refuse la traditionnelle différenciation entre homme et femme et dessine un vestiaire destiné aux deux genres. Ses défilés s’apparentent davantage à des performances, qui mêlent musique, installations et tentent d’instaurer une relation intime avec l’audience. 22/4 (un nom choisi pour signifier que sa […]
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Originaire et basée à Düsseldorf Stéphanie Hahn a crée 22/4, une marque qui refuse la traditionnelle différenciation entre homme et femme et dessine un vestiaire destiné aux deux genres. Ses défilés s’apparentent davantage à des performances, qui mêlent musique, installations et tentent d’instaurer une relation intime avec l’audience. 22/4 (un nom choisi pour signifier que sa marque et avant tout un travail d’équipe, pour l’égalité qu’il implique ) défilait pour la première fois à Paris. Rencontre.
Vous choisissez de ne pas séparer mode masculine et féminine. Cette division vous semble dépassée ?
Pour moi, elles proviennent toutes deux de la même base et composent mes collections. Quand je défile, comme là pour l’homme, je mêle aussi des tenues et modèles féminins pour que les gens comprennent que les deux sont inextricablement liés. Mon ambition n’est pas de faire un statement. Tout dépend de ce que vous ressentez. Mais il est clair que la séparation traditionnelle ne fonctionne plus pour moi. Je pense qu’il est plus moderne de combiner les deux, plus en accord avec notre génération, avec le genre. Je pense qu’on est libéré.
Vous dites que vos collections partent de la même base. Comment la définiriez vous ?
La base pour moi est avant tout la qualité et la préservation de proportions et de patrons plus traditionnelles.Si l’esprit est différent, les patrons et coupes sont très différentes pour l’homme et la femme. Un corps de femme et un corps d’homme restent très différents. Je respecte ça. Nos esprits sont libérés mais restent les contingences du corps. Mon ambition n’est pas de changer l’homme et la femme mais de leur donner plus de liberté dans ce qu’ils veulent accomplir.
La qualité est essentielle pour vous. Pourquoi ?
Je ressens une responsabilité vis à vis des gens qui achètent ma marque. Je me dois de leur proposer des vêtements de qualité. Primark, Zara, Mango produisent des vêtements destinés à durer quelques mois, même pas une saison. Ils sont les Mac Donald du vêtement. Je n’ai pas de problème avec ça. Ils sont une réflexion de l’époque dans laquelle on vit. Je m’inscris dans une démarche différente. J’aime les choses qui durent. Je collectionne les vêtements, J’en possède certains depuis 10, 15 ans. Et j’adore le toucher d’un vêtement de qualité. L’important et les détails sont extrêmement importants. Je veux qu’un manteau soit beau à l’intérieur aussi, sa poche intérieure, la doublure.
Comment naît une collection ?
La couleur s’impose tout à coup, elle survient. Je ne sais pas expliquer d’où ça vient. Parfois c’est le travail d’un artiste, un livre. Je ne suis pas attachée aux époques, au temps. La mode est bien sûr une réflexion de la société mais parle aussi des inspirations personnelles, d’un univers, de la recherche de la beauté. Pour cette collection je suis tombée sur une lettre que Pietr Mondrian avait écrit à un collectionneur. Elle parle de l’art et de la raison pour laquelle les artistes créent. Je me suis sentie intimement connectée à ses ressentis, à son discours sur la création. Cela m’a beaucoup inspirée. J’ai inclus la mettre dans le petit livret accompagnant la collection.
Votre précédente collection a été inspirée par les pianistes Glenn Gould et Gonzales.
Mon partenaire est musicien, je suis sans cesse entourée de musiciens. La musique fait partie de ma vie. Un de mes amis pianistes a joué du Glenn Gould, pour un ballet c’était magnifique. J’ai recommencé à écouter cette musique en pensant à la collection. Puis j’ai rencontré Gonzales qui jouait magnifiquement du piano en pyjama. Je bossais justement sur les pyjamas. Tout s’ets imposé très naturellement.
Qu’aimez vous dans l’idée de pyjama ?
Je pense que nous vivons dans une époque où tout va vite. Nous sommes tous très occupés, encombrés. Le fait de porter à l’extérieur un vêtement destiné à l’intérieur procure un sentiment de confort, de bien être. C’est comme une défense non-agressive.
Pendant des années, le vestiaire féminin a emprunté des éléments du vestiaire masculin. Depuis quelques années, on voit le phénomène inverse : le vestiaire masculin emprunte des éléments féminins. Que pensez vous de cette évolution ?
Le vestiaire féminin a occupée une passe centrale pendant des années. Les hommes étaient réduits à la fonctionnalité. Ces dernières années, les designers redécouvrent l’homme et toutes ses possibilités. L’homme n’est plus dans une cage. C’est une libération, il a le droit de jouer lui aussi. C’est un champ passionnant à déchiffrer.
Quel a été votre parcours ?
Au départ j’ai abordé la mode au départ par le biais du business, des ventes etc. Un de mes professeurs m’a convaincue qu’il fallait que je passe du côté créatif. J’ai toujours été intéressée par le style, par la façon dont les vieilles dames s’habillaient, avec extrêmement de soin.
J’ai étudié la mode à Düsseldorf puis je suis allée à Berlin travailler pour un designer. J’ai vite découvert que je n’étais pas une assistante et que j’avais mon propre langage. Je suis donc revenue à Düsseldorf et j’ai commencé ma marque. Il n’y a plus vraiment de scène là bas, même si la ville a toujours été importante pour l’industrie de la mode. D’un point de vue créatif, c’était clair depuis toujours : Paris était la ville ou je devais défiler.
Qui est l’homme ou la femme 22/4 ?
Quelqu’un d’indépendant, de confiant. La musique occupe une place importante dans sa vie. Cette personne aime la mode et le twist entre éléments classiques et plus sport.
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