Jailli de l’imagination du créateur britannique Nasir Mazhar, ce mannequin à l’allure improbable est saupoudré de codes “chola” – ces bad girls chicanos des 90’s sur lesquelles chaque choix stylistique est disproportionné au point d’en devenir une arme : bague coup-de-poing américain, rouge à lèvres-peinture de guerre, nattes plaquées comme un casque guerrier. Vue sur […]
Jailli de l’imagination du créateur britannique Nasir Mazhar, ce mannequin à l’allure improbable est saupoudré de codes “chola” – ces bad girls chicanos des 90’s sur lesquelles chaque choix stylistique est disproportionné au point d’en devenir une arme : bague coup-de-poing américain, rouge à lèvres-peinture de guerre, nattes plaquées comme un casque guerrier.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Vue sur Fergie, chanteuse des Black Eyed Peas, ou le personnage de Papi dans The L Word, cette féminité outrancière, née dans les gangs, fait office de triple armure : contre l’omniprésence du macho, contre la culture blanche bourgeoise dominante, contre la jungle urbaine enfin. Mais notre héroïne ne s’arrête pas là ! Sa tenue est revisitée avec une esthétique seapunk – sous-culture régressive mêlant débuts d’internet, nu-rave et Ariel, la petite sirène.
Cas isolé ? Non, justement. Pour exagérée qu’elle soit, cette tenue démontre au contraire l’émergence de codes vestimentaires dans le nord-est bouillonnant de Londres : on pense à Louise Gray, créatrice inspirée par le voguing, Ambush Design, bijoutier aux tonalités r’n’b, ou Shaun Samson, designer rêvant de hip-hop West Coast. Ces talents émergents sont en quête d’une nouvelle fratrie hétéroclite, qui réconcilie leur enfance plongée dans le rap des années 90 et l’omniprésence digitale. Et qui dit nouvelles tribus dit nouvelles règles : si, autrefois, les contre-courants se définissaient souvent par leurs oppositions (mods contre rockers, punks contre hippies), les clans contemporains se nourissent des collages les plus improbables.
Pour le créateur, d’origine turque mais né à Hackney, bien avant que le quartier ne soit colonisé par les bobos (Keira Knightley ou Kate Moss y ont récemment élu domicile), cette silhouette propose un mode d’identification novateur : une appartenance transterritoriale, symbiose entre localisation digitale et géographique. Internet, la nouvelle rue ? Quand les quartiers populaires dégorgent de supermarchés bio, c’est sur un chatroom malfamé qu’on ira rouler sa bosse et faire briller ses dents en or.
{"type":"Banniere-Basse"}