Ne leur parlez surtout pas de “rentrée des fillonistes”. Il s’agit d’une journée dédiée aux Ateliers de la refondation de la droite, après les deux catastrophes électorales de la présidentielle puis des législatives, qui sont venus pourrir le premier semestre 2017 des Républicains. De toute façon, pour Bruno Retailleau, président de la région des Pays […]
L’université d’été des Républicains à La Baule s’est tenue le samedi 2 septembre. Si beaucoup de fillonistes ont fait le déplacement, le fillonisme n’est lui plus du tout d’actualité. A trois mois du congrès qui doit nommer le futur président LR, le parti est plus divisé que jamais.
Ne leur parlez surtout pas de « rentrée des fillonistes ». Il s’agit d’une journée dédiée aux Ateliers de la refondation de la droite, après les deux catastrophes électorales de la présidentielle puis des législatives, qui sont venus pourrir le premier semestre 2017 des Républicains. De toute façon, pour Bruno Retailleau, président de la région des Pays de la Loire et fidèle parmi les fidèles, “François Fillon a tourné la page », répète-t-il à tour de bras. Il insiste même : « Cette page, on doit la tourner, sinon on se condamne à de nouveaux échecs.” Même son de cloche chez François Pinte, son premier vice-président de la région, et hôte du jour : “Le fillonisme, c’est terminé. Il faut relever la tête.” Quant à Vanessa Charbonneau et Marc Joulaud, les intimes de Sablé-sur-Sarthe qui ont fait le déplacement, ils ne répondent même plus à le question. Le constat est clair, ce samedi 2 septembre à La Baule, il va falloir faire sans François Fillon.
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Quelque 400 militants ont répondu à l’appel de la fédération Les Républicains de Loire-Atlantique pour cette journée de rentrée express, loin du faste des éditions précédentes. L’année dernière, lors de la troisième édition, ils ont été 3 000 à venir écouter les différents candidats à la primaire de la droite et du centre. Ni le contexte post-présidentiel ni le magnifique soleil qui règne ce jour ne peuvent expliquer cette baisse d’influence. L’hémorragie s’apparente plutôt comme la continuité d’un “véritable chemin de croix”, comme le confie un cadre présent sur place, parcouru par le grand parti de la droite française et de son candidat malheureux à la présidentielle.
« La droite est en très mauvais état »
Si Fillon a bel et bien commencé à rendre l’argent au début de l’été, le temps presse pour les Républicains. Dans la salle des Floralies, située dans la zone industrielle des Salines, au nord de La Baule, il n’y a pas de passe droit : chacun paye son entrée et une tombola est organisée pour ramener un maximum de sous. Pour résumer la situation, empruntons cet euphémisme de Florence Portelli, l’ancienne porte-parole de François Fillon : “La droite est en très mauvais état”. Et pour éviter que le parti ne s’”éparpille façon puzzle”, comme l’ont noté Daniel Fasquelle et Bernard Accoyer, chacun à un plan. D’autant que si l’on ajoute les mises en retrait – plus ou moins forcées – de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, le congrès qui doit nommer le futur président des Républicains (du 10 au 17 décembre prochain) s’annonce ouvert comme rarement. Ils sont quatre déjà déclarés : Daniel Fasquelle, Florence Portelli, Laurence Saillet et le favori Laurent Wauquiez. Mais seuls deux sont présents à La Baule : le député du Pas-de-Calais et l’ancienne porte-parole de François Fillon.
D’autres, pas (encore ?) candidat ont fait le déplacement. Il y a là Valérie Pécresse, malgré sa charge le matin-même contre le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui est venue passer une tête pour rappeler qu’elle doit lancer, le 10 septembre, son propre mouvement Libres ! Bruno Retailleau lui aussi se pose la question, et il peine à masquer son agacement lorsque l’ancien sarkozyste Franck Louvrier, chargé d’ouvrir cette journée, explique que le patron des sénateurs LR doit impérativement rester à son poste de président de région. Le publicitaire de métier balaye même toute concurrence parlant de M. Wauquiez comme de “nouveau centre de gravité de la droite française.” « Il est bien gentil Franck », aura pour seul commentaire aux journalistes le Vendéen.
Chacun se fait face mais personne ne se regarde
Des piques qui contrastent avec l’unité de façade qui règne à la table du déjeuner. Chacun se fait face mais personne ne se regarde. Tous ont en tête la conclusion du vieux sage Bernard Accoyer, dans son discours de fin de matinée : « Il n’y a qu’entre 1986 et 1988 que la droite a mené une politique de droite ». Pendant ce temps, des jeunes militants de Daniel Fasquelle se font prendre la main dans le sac en train de distribuer des tracts pour leur champion. « On s’est fait pincer par les caméras de LCI », avoue l’un d’eux, tout penaud.
Poursuite de nos échanges dans une ambiance conviviale aux Universités d'été de #LaBaule2017 avec @BrunoRetailleau @vpecresse @fxbellamy… pic.twitter.com/jRHzvKoeYj
— Bernard Accoyer (@BernardAccoyer) September 2, 2017
Du côté des militants, on semble aussi avoir fait le deuil de l’homme de la Sarthe. “Le fillonisme, c’est terminé !”, nous explique Colette, pimpante sexagénaire, responsable du stand des adhésions ce jour-là. Son “chouchou” désormais, c’est Laurent Wauquiez, qui anime au même moment sa propre rentrée à Lyon, et se retrouve représenté par le député de l’Yonne Guillaume Larrivé. “Il est super, droit et à des valeurs auxquelles j’adhère”, ajoute-t-elle. N’en jetez plus. Beaucoup gardent en bouche le goût amer de la défaite. Eux préfèrent parler de “victoire” qu’on leur a “volée”. A Fillon, ils ne reprochent pas les affaires : “Tout le monde en a, des casseroles”, croit savoir René. L’heure n’est pourtant pas à l’absolution : “Il n’a pas eu de respect de sa parole donnée, tance Claire. A partir du moment où il avait promis de se retirer en cas de mise en examen, il aurait dû s’y tenir.” Cette phrase reviendra souvent. Pas François Fillon.
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