Alors que les ordonnances visant à réformer le code du travail ont été publiées ce samedi 23 septembre au journal officiel, le leader de la France insoumise a revendiqué 150 000 manifestants à l’occasion de sa “marche contre le coup d’Etat social” (30 000 selon la police). S’adressant particulièrement à la jeunesse, le député a annoncé qu’ils “all[aient] se rapprocher des organisations syndicales” et a appelé à initier des “casserolades” samedi prochain.
Ce samedi 23 septembre à Paris, on a beaucoup entendu le mot “résistance”. Il est 14 heures et, sur une place de la Bastille bondée, des milliers de manifestants attendent l’arrivée de Jean-Luc Mélenchon pour entamer leur “marche contre le coup d’Etat social”, qui les mènera jusqu’à République. Les bonnets phrygiens sont de sortie, les pancartes peu amènes envers la personne d’Emmanuel Macron et sa politique aussi – florilège : “Macron t’es grillé, ça se voit que t’aimes que la finance, pas la France”, “Pour la séparation du Medef et de l’Etat”, “Non à la casse du code du travail”, un classique “Rends l’argent” ou un plus trivial “En haut des couilles en or, en bas des nouilles encore”.
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A l’initiative du leader de la France insoumise, cette manifestation contre la réforme du code du travail par ordonnances – et, plus globalement, contre la politique du chef de l’Etat – se voulait un signal fort : celui de montrer qu’ils ne “lâchent rien”. JLM, qui sera rejoint dans le cortège de tête par Benoît Hamon et salué par Pierre Laurent, malgré les bisbilles récentes avec le PCF, a annoncé la présence de 150 000 personnes (30 000 selon la police). Ce qui équivaudrait à 20 000 personnes de plus que lors de sa “marche pour une VIe République” de mars dernier, toujours selon les chiffres de LFI. Comme le dira Jean-Luc Mélenchon lors de son allocution finale, pour lui, “la bataille n’est pas finie, elle commence”.
« Massacre social »
Il est environ 14h20 quand il arrive, précédé de peu par les députés de la France insoumise. Un homme assure qu’il vient de voir “Jean-François Ruffin” – bon, il y a un “Jean” en trop mais en effet le réalisateur de Merci Patron! était bien là -, il y a aussi Alexis Corbière, Danielle Simonnet ou encore Adrien Quatennens. La CGT, déjà à l’origine de la manif du 12 septembre, est représentée, tout comme le Mouvement du 1er juillet d’Hamon, le NPA ou le PCF, qui a envoyé une délégation. Des manifestants sont également venus de toute la France, transportés par des “cars insoumis” spécialement affrétés pour l’occasion. Parmi eux, Carlos, 71 ans, venu de Toulouse, qui pense que “si le peuple descend dans la rue en masse, Macron sera obligé de reculer”. Affublée d’une pancarte “Je suis fainéante” – en référence aux désormais célèbres paroles du Président – Catherine, 67 ans, est moins optimiste. Elle “tremble pour ses petits enfants” face à ce “massacre social” que représentent selon elles les ordonnances Macron. Mais ne veut pas se laisser abattre pour autant : “La mobilisation d’aujourd’hui n’aura pas forcément d’impact sur ce gouvernement, qui est plus rigide que ma grand-mère dans sa tombe. Mais, en participant à la manif, on montre aux gens qu’ils ne sont pas seuls.”
“Tous ensemble” sera d’ailleurs l’un des mots d’ordre de Jean-Luc Mélenchon dans son discours prononcé sur la place de la République – peu avant, en marge de la manif, « de brefs incidents ont éclaté entre militants radicaux des « black blocs » et des partisans de l’ex-candidat à la présidentielle, comme le raconte ce papier du Parisien. Le député, portant une cravate rouge et son écharpe de parlementaire, entame son allocution, sans notes, en assurant que “personne n’avait parlé au peuple français de cette façon”, faisant encore référence aux “fainéants”. Et d’ajouter : “C’est pourquoi en vous rassemblant, quand bien même vous ne partagez pas toutes nos opinions, vous êtes comme nous des indignés qui n’acceptent pas qu’on leur parle sur ce ton.”
« Pour que les ordonnances aient force de loi, il faut qu’elles repassent devant l’Assemblée nationale.”
Vient ensuite un “petit cours d’histoire” à destination du chef de l’Etat, qui, trois jours plus tôt, déclarait sur CNN que “la démocratie, ce n’est pas la rue”. “C’est la rue qui a abattu les rois, c’est la rue qui a obtenu les congés payés, c’est la rue qui a obtenu le droit au logement opposable…”, liste ainsi Mélenchon. Il évoque ensuite “le bras de fer social” dans lequel ses soutiens seraient engés, et explique que “au-delà des ordonnances en soi, condamnables sur leur principe même et par leur contenu anti-social, c’est la défense de la République qui est en jeu : au-dessus de tout il y a les lois, et les lois s’appliquent à tout le monde de la même manière”. Mélenchon souhaite particulièrement s’adresser à la jeunesse, “car c’est d’abord elle qui va être touchée par le monde que les gens au pouvoir sont en train de construire”. “Mettez vous en mouvement!”, lance-t-il aux jeunes, à qui il demande d’être “dignes de [leur] âge et de ceux qui [les ont] précédés”. Il tape également sur les politiques d’austérité mises en place par l’Union européenne, sur les médias – “Dégagez!” crient les gens dans la foule, mot repris par JLM – ou s’inquiète à propos des problématiques du réchauffement climatique ou de la crise du logement social.
En bref, y croit-il toujours ? Le leader de l’opposition, décidément d’humeur très professorale, s’appuie sur “un petit cours de droit constitutionnel” pour signifier que oui, il n’est pas trop tard. “Nous ne somme pas, en dépit des apparences, dans une monarchie. Il reste quelque chose d’encombrant : le Parlement. Pour que les ordonnances aient force de loi, il faut qu’elles repassent devant l’Assemblée nationale.” En attendant de connaître la date, il assure qu’ils “sont prêts à se ranger derrière les organisations syndicales” et propose de “déferler à un million sur les Champs élysées”. Il appelle également à initier des “casserolades” samedi prochain : “Vous allez venir avec des casseroles et faire le plus de bruit possible. Le sens du message : vous nous pourrissez la vie, vous nous empêchez de rêver, alors on vous empêche de dormir.” La sono diffuse à fond la chanson “On lâche rien” de HK et les Saltimbanks. Dans la foule, tout le monde chante.
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