Une longue immersion parmi des gangs de filles révèle la sombre réalité de la violence des ghettos de Los Angeles.
Si la terre tremble à Los Angeles, les corps y vacillent aussi : la guerre des gangs qui gangrène la ville faussement angélique laisse chaque jour des morts sur l’asphalte. Une jungle animée par 40 000 membres de gangs pas très cool qui se disputent quelques bouts de gras et de territoires. Cette guerre aveugle mobilise 4 000 filles, embarquées dès leur plus jeune âge dans la culture de l’ultraviolence.
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La réalisatrice Stéphanie Lamorré a filmé durant des mois la vie de quelques-unes de ces combattantes éméchées, prêtes à tout brûler au nom de l’honneur du ghetto, dont les codes leur ont été transmis à défaut d’autre chose.
Son immersion patiente entre Echo Park, South Central et East L. A. lui a permis d’instaurer une confiance avec elles : ce lien créé sur le lieu même de leur perdition éclaire leur condition. “Rien n’est juste dans la vie”, “j’en ai rien à foutre des autres”, “la vie est une pute” : leurs confessions, cash et désespérées, révèlent combien elles n’attendent rien de leur existence sinon que la guerre en définit le prix, élevé et dérisoire en même temps. En attendant la prison ou la mort, elles se battent moins contre la fatalité qu’avec elles-mêmes, puisqu’il n’y a rien d’autre à faire.
Saisissant au plus près de ces corps impatients les visages amers de la violence, Stéphanie Lamorré traduit aussi, au coeur des ténèbres, la timide expression d’un désir enfoui d’un autre monde, que la maternité révèle parfois chez elles. En permettant cette prise de parole, la documentariste souligne que l’engagement de ces filles dans le récit de leur vie est aussi une manière de conjurer une part de la violence folle qui les habite, les emporte et les perd.
L. A. gangs de femmes Documentaire de Stéphanie Lamorré, à revoir ci-dessus et sur Arte + 7.
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