En réponse aux détracteurs du clip de Justice, le collectif revient avec une parodie de reportage type Droit de savoir featuring Charles Villeneuve.
Très médiatisés cette année, Kourtrajmé reste, pour les béotiens, le collectif de l’Est parisien dont est issu le clip « scandale » de Justice. Ultra-violente et hautement angoissante, la vidéo de Stress signée Romain Gavras s’était répandue comme une traînée de poudre sur le net avant d’être reprise et commentée – avec plus ou moins de réussite – un peu partout dans les médias. Avant ce coup d’éclat, Kourtrajmé était connu pour ses court métrages tantôt potaches, tantôt hardcores mais souvent inspirés. Capables du meilleur (365 jours à Clichy Montfermeil documentaire hommage à Zied et Bouna, qui livrait des images puissantes du quartier pendant et après les émeutes d’octobre) comme du pire, Kourtrajmé revient avec un étrange objet médiatique.
Mise en ligne sur Dailymotion comme teaser d’un film Go fast réalisé par Olivier Van Hoofstadt, cette nouvelle vidéo de 25 minutes est sensée dénoncer toutes ces émissions type Droit de savoir « qui stigmatisent la banlieue« . Il s’agit d’un faux reportage choc (dans les règles de l’art) sur le trafic de shit en banlieue présenté et commenté en voif-off par Charles Villeneuve himself – qui a visiblement gagné en second degré depuis son départ de TF1 après des années de bons et loyaux services.
Tourné à Clichy Motfermeil, la caméra suit une petite bande de trafiquants entre quotidien monotone et opérations musclées. Clin d’œil évident à ceux qui ont stigmatisé Stress – leur propre fiction sur la banlieue – Go fast connexion by Kourtrajmé (c’est le nom de la vidéo) est une « parodie de reportage » mais surtout un vrai outil de promotion pour le film Go fast.
A la réalisation, quatre membres du collectif dont Ladj Ly, à l’origine du DVD 365 jours à Clichy Montfermeil : là où les caméras du monde entier se sont rapidement arrêtées pour montrer les mouvements chaotiques de ces corps anonymes privés de parole, Ladj Ly filmait inlassablement ses potes, son frère, ses voisins, pour livrer un témoignage fort sur sa ville. Trois ans plus tard donc, cette parodie de reportage pourra se voir reprocher une certaine superficialité. Pour autant, la chose est plutôt réussie, moins rythmée et moins racoleuse que les émissions qu’elle prétend dénoncer, mais elle a le mérite de poser encore une fois la question du traitement médiatique de ces « zones de non-droit » en langage Charles-Villeneuve. Pour rappel, depuis 2005, un portrait de Ladj Ly a fait le tour du monde grâce à son pote JR. Affiché notamment sur la façade de la Tate Modern, l’image montre Ladj Ly tenant une caméra à la façon d’un lance-roquettes. Une manière de rappeler que les images sont parfois aussi efficaces que les armes.
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