Le décor paradisiaque s’est très vite transformé en macabre feuilleton. Depuis la mort d’un candidat lors du tournage de la nouvelle saison de Koh-Lanta, la confusion règne : versions divergentes, justice saisie, suicide du médecin de l’émission, apparition de l’avocat le plus redouté de la téléréalité… Résumé de l’affaire en 5 points.
1. Décès d’un candidat, « la faute à pas de chance » selon la production
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Vendredi 22 mars. Le tournage de la seizième édition de Koh-Lanta démarre au Cambodge, sur l’île de Koh Rong. L’un des candidats, Gérald Babin, 25 ans, s’effondre dès le début de la première épreuve. Il décède quelques heures plus tard. La saison est immédiatement annulée, les candidats rapatriés en France.
Première version du drame : celle de la société qui s’occupe de l’émission, Adventure Line Production (ALP). Reprise par les sites du Point et du Parisien, elle affirme que Gérald Babin aurait souffert de crampes avant d’être pris en charge par le médecin de l’émission, Thierry Costa. Celui-ci aurait alors décidé de l’évacuer et le candidat aurait été victime d’une série d’arrêts cardiaques durant son transfert vers l’hôpital.
2. Arrêt sur Images incrimine ALP et le médecin, la justice est saisie
La version de la société de production est très vite mise en doute. Le 27 mars, le site Arrêt sur images contredit ALP. S’appuyant sur un témoignage anonyme d’un membre d’ALP, envoyé à plusieurs médias (Libération, Le Monde, Le Canard enchaîné, Mediapart), la production est pointée du doigt. On y apprend que le médecin aurait dû attendre que l’épreuve se termine avant de pouvoir porter secours au candidat. Soit près de dix minutes durant lesquelles Gérald Babin reste en plein soleil, la tête dans le sable. La source ajoute que « l’intervention du médecin est filmée, et comme la première prise de son intervention n’est pas bonne, on lui fait ‘rejouer’ son entrée ».
Par ailleurs, ALP aurait dans un premier temps voulu réaliser des économies sur le transfert à l’hôpital du candidat. A en croire la source d’Arrêt sur images, Gérald Babin aurait été transporté dans un premier temps en bateau plutôt qu’en hélicoptère, « jugé inutile et trop coûteux par la production », selon leur source. C’est après une nouvelle perte de connaissance que le médecin aurait demandé une évacuation par hélicoptère. Problème : la production aurait perdu le numéro de téléphone du pilote… Ce qui retarde le transfert pourtant urgent de Gérald Babin
Afin d’établir ce qui s’est passé sur l’île de Koh Rong, le parquet de Créteil décide mercredi 28 d’ouvrir une enquête préliminaire pour « homicide involontaire ». Dans le même temps, Adventure Line Production porte plainte contre X pour diffamation. Dans son viseur : la source anonyme reprise par Arrêt sur images, « mensongère et odieuse ».
3. Suicide du médecin après un nouveau témoignage anonyme
Vendredi 29 mars, RTL se procure les premiers éléments de l’autopsie. Ils ne révèlent aucune anomalie cardiaque ou vasculaire. Des examens complémentaires sont demandés, dont les résultats restent inconnus. Le jour même, la production se voit opposer un second témoignage accusateur, recueilli par RMC. Il reprend certaines informations d’Arrêt sur images. Gérald Babin se serait bel et bien effondré lors de début de la première épreuve et serait resté sans secours pendant 8 à 9 minutes. Selon RMC, le médecin « penche pour de la déshydratation ». Le lendemain, c’est au tour du magazine people Closer de publier le témoignage anonyme d’un membre de la production mettant en cause APL.
Deux jours plus tard, le lundi 1er avril, Thierry Costa, 38 ans, se suicide au Cambodge. Dans une lettre, il estime avoir été « sali » par les médias. « Reconstruire cette réputation détruite me serait insupportable, c’est donc mon seul choix possible », explique-t-il. Le PDG de TF1, Nonce Paolini, se fend quant à lui d’une réaction cinglante : « Je laisse à leur conscience les auteurs des propos anonymes tenus sur les circonstances du décès de Gérald Babin, ainsi que ceux qui les ont colportés. »
4. L’avocat pourfendeur de la téléréalité rentre en piste
Dernier personnage de ce qui devient un feuilleton : Jérémie Assous. Engagé par la famille de Gérald Babin, ce jeune avocat avait été le premier à ébranler l’édifice de la téléréalité, en parvenant à faire condamner TF1 production pour « travail dissimulé », dans le cadre de de l’émission L’Ile de la tentation.
Jérémie Assous a annoncé que la famille Babin allait se porter partie civile. Il réclame que la production remette tous les enregistrements du tournage à la justice, seul moyen de déterminer le déroulé des évènements. Dans une une interview donnée au Parisien, l’avocat charge avec force les responsables de Koh-Lanta :
« Il (le drame) aurait dû et aurait pu être évité. Avec une véritable équipe médicale et des moyens matériels d’évacuation bien plus performants. Prenez l’exemple d’un match de football, où les enjeux sont mille fois plus importants, avec des centaines de millions d’euros. Dès qu’un joueur est à terre, on arrête le match et on peut l’évacuer en quelques minutes. Pourquoi cela serait-il différent dans le cas présent ? »
5. Un candidat prend la défense du médecin
Dernier rebondissement ce mardi avec le témoignage, pour RTL, d’un candidat de cette édition inachevée. Guillaume, 23 ans, était dans l’équipe de Gérald Babin. Il réfute toute idée de culpabilité de Thierry Costa : « Le médecin est arrivé très rapidement pour lui prodiguer les premiers soins. » Ce candidat, qui a suivi une formation de secouriste, assure également « qu’il n’y avait aucun signe de malaise cardiaque » lorsque Gérald Babin s’est écroulé pendant l’épreuve. « Il s’est mis en fin de cordée et il a semble-t-il fait un malaise mais il était conscient », précise le jeune homme.
Le dépôt des rushes du tournage au service de police chargé de l’enquête, ce mardi après-midi, devrait permettre aux enquêteurs de mieux établir la chronologie des événements.
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