Les règles sont simples: traîner avec ses potes, choisir au hasard une personne dans la rue, la frapper d’un coup de poing. La partie est gagnée si la personne s’effondre, et s’évanouit. Voilà en quoi consiste le “jeu du K.O” qui suscite d’ardentes polémiques dans la presse américaine.
Un professeur de Pennsylvanie rentrait tranquillement chez lui, quand il croise un groupe d’adolescents: l’un d’eux l’assomme d’un violent coup de poing au visage, qui le fait instantanément s’effondrer sur le bitume. La vidéo de l’agression gratuite de Jim Addlespurger est diffusée sur une chaine nationale américaine. Le professeur témoigne qu’il « a de la chance d’être en vie, pour pouvoir le raconter ». Le site américain Know Your Meme dresse la fiche d’identité de ce jeu violent et estime qu’il serait né en 2011, l’année du premier incident mortel relié à un “jeu dangereux qui implique des attaques non provoquées sur des innocents”, comme l’on révélé les policiers en charge de l’affaire à l’époque. Récemment, deux morts on été reportés à Syracuse, probables victimes du “jeu du K.O”, et sept attaques ont été signalées à New-York. Le « knockout game » est devenu ces derniers jours la préoccupation de tous les médias américains, qui commencent à parler d’une véritable épidémie. « C’est quelque chose sur laquelle nous voulions vous alerter, car ça n’arrête pas de se reproduire », met en garde le correspondant Jeff Rossen, sur la NBC le 25 novembre dernier.
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Eléments isolés, ou réelle tendance ?
The Atlantic Cities, du magazine américain The Atlantic, explique qu’il ne faut pas confondre un effet de buzz, avec une tendance évolutive et dégénérescente:
“Une video circulait sur les réseaux sociaux, a été émulée par des idiots, puis exagérée par le mélange d’une horde d’inquiets (“Nous avons besoin de légiférer sur ce sujet, que ça ne m’arrive ni à moi ni à mes enfants”), de penseurs de l’Âge d’or (“L’Amérique est en déclin”), et par les médias (“C’est quelque chose dont les gens parlent, donc trouvons un moyen pour surfer sur cette vague”.)”
En France, Fdesouche, le célèbre blog d’extrême droite, s’est rapidement emparé du sujet pour dénoncer une nouvelle forme de “racisme anti-blancs”. Pourtant, le phénomène est moins manichéen qu’il n’y parait. Sur Slate.com, la journaliste Emma Roller l’explique:
“Une clarification importante: le jeu existe définitivement, et ce depuis au moins quelques années. Je ne dis pas qu’il n’existe pas, mais que l’idée qu’il ait atteint un niveau épidémique, ou qu’il soit seulement le jeu de jeunes adolescents noirs, est un vaste mensonge.”
Un avis confirmé par Alan Noble, enseignant à l’université de Baylor, dont Emma Roller cite la thèse sur le phénomène. Selon lui, aucune donnée ou statistique ne peut confirmer que le Knockout Game serait un phénomène d’ampleur nationale. “Personne ne semble avoir la moindre preuve de cette propagation, ou du fait qu’il s’agisse d’un phénomène nouveau, analyse t-il. Personne ne sait non plus s’il répond à des motivations raciales, que les jeunes noirs en soient les principaux acteurs et les blancs, les principales victimes”.
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