Le leader nord-coréen Kim Jong-un pourrait « reconsidérer » le rendez-vous avec le président américain Donald Trump, si Washington exige que Pyongyang renonce à l’arme nucléaire.
La rencontre historique entre la Corée du Nord et les États-Unis va-t-elle avoir lieu ? Alors que Kim Jong-un et Donald Trump doivent se retrouver lors d’un sommet exceptionnel le 12 juin prochain à Singapour pour négocier une dénucléarisation, Pyongyang montre des signes d’agacement. Le gouvernement nord-coréen a ainsi menacé d’annuler l’événement, si les exigences de Washington étaient trop importantes à leurs yeux.
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La dénucléarisation, sujet sensible
« Si la Maison-Blanche nous met au pied du mur et exige unilatéralement que nous renoncions à l’arme nucléaire, nous n’aurions plus d’intérêt pour des discussions et nous devrions reconsidérer la question de savoir s’il faut accepter le sommet à venir entre la Corée du Nord et les États-Unis », a exprimé publiquement mercredi 16 mai le ministre adjoint des Affaires étrangères Kim Kye-gwan, relayé par l’agence officielle KCNA. La Corée du Nord a également appelé les États-Unis à « réfléchir à deux fois » à la très attendue rencontre entre les deux dirigeants.
Dans le viseur de Pyongyang, le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton, notamment, qui a récemment pris l’exemple du modèle libyen pour évoquer une éventuelle dénucléarisation. Au début des années 2000, Kadhafi avait accepté de renoncer à l’atome. Moins de dix ans plus tard, son régime était renversé avec l’aide des avions et des bombes de l’Otan. Aussi Kim Kye-gwa, craint une « tentative hautement sinistre de faire subir à la Corée du Nord le sort de la Libye et de l’Irak ». « Je ne peux retenir ma colère face à cette politique américaine », a-t-il poursuivi, indiquant que son gouvernement « doute que les États-Unis veuillent vraiment améliorer les relations avec la Corée du Nord au moyen du dialogue et de la négociation ».
L’opération « Max Thunder » en cause
Des avertissements qui découlent de l’opération « Max Thunder », durant laquelle les forces armées américaines se rendent en Corée du Sud pour effectuer plusieurs exercices militaires avec les soldats sud-coréens. Lancée le 11 mai, celle-ci doit durer environ deux semaines et fera appel à un important dispositif aérien, comme des avions furtifs F-22 ou des bombardiers B-52.
« Nous avons déjà exprimé notre disposition à établir une péninsule coréenne dénucléarisée et déclaré maintes fois que les États-Unis doivent mettre un terme à leur politique hostile envers la Corée du Nord et à leurs menaces nucléaires comme conditions préalables », a renchéri Kim Kye-gwan.
Les discussions avec la Corée du Sud reportées
Pour l’agence de presse locale KCNA, il s’agit d’un « défi clair à la Déclaration de Panmunjom et une provocation militaire délibérée contre l’atmosphère favorable qui prévaut dans la péninsule coréenne », à propos de la déclaration signée lors du sommet intercoréen du 27 avril dernier, entre Kim Jong-un et Moon Jae-in, président sud-coréen. Un texte qui s’avère contenir un accord sur la dénucléarisation totale de la péninsule ainsi qu’un engagement pour la paix.
Cette annonce a été rendue publique quelques heures avant un nouveau sommet intercoréen, et a provoqué le report des discussions. Une décision « regrettable » pour Séoul, qui cherche « à déterminer le sens exact du message du Nord ». Mais la Corée du Sud a rappelé qu’elle tenait « à mettre en œuvre fidèlement la déclaration de Panmunjom ».
Une réelle baisse des tensions ?
Les agissements de la Corée du Nord ont toutefois de quoi surprendre. Alors qu’il se chamaillait en janvier dernier avec Donald Trump pour savoir qui avait réellement le plus gros bouton nucléaire, Kim Jong-un s’est révélé être bien plus ouvert au dialogue qu’auparavant. Le leader nord-coréen a depuis rencontré le président chinois Xi Jinping, ainsi que le président sud-coréen Moon Jae-in, pour ce qui était le premier sommet intercoréen officiel depuis plus de dix ans. Une baisse des tensions qui semble oubliée dès qu’un désaccord survient.
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