Agnès Varda, Isabelle Huppert, Melvil Poupaud, Claire Denis, Frances McDormand, Susan Sarandon, Jodie Foster, Juliette Binoche, Chloë Sevigny, Costa-Gavras, Robin Wright, Emilia Clarke, Salma Hayek ou encore Aïssa Maïga et Matthias Schoenaerts. Non, ceci n’est pas le nouveau casting cinq étoiles du prochain film de Wes Anderson, mais un petit aperçu de quelques noms du monde du cinéma engagés, depuis plusieurs années, auprès de Women In Motion.
Si depuis octobre 2017 l’affaire Weinstein a totalement ébranlé l’industrie cinématographique en donnant un poids considérable aux témoignages de femmes harcelées, agressées, et stigmatisées au travail, voilà maintenant cinq ans que le programme Women In Motion, initié à Cannes par le groupe de luxe Kering, Partenaire officiel du festival, existe. Sa mission : promouvoir l’égalité femmes/hommes en faisant entendre la voix de celles qui font le cinéma aujourd’hui. Véritable tribune féministe, l’évènement honore, chaque année, à travers le Prix Women In Motion, des personnalités emblématiques (Jane Fonda, Geena Davis et Susan Sarandon, Isabelle Huppert…), mais aussi de talentueuses cinéastes comme Leyla Bouzid (A peine j’ouvre les yeux) Maysadoun Hamoud ou Carla Simón l’année dernière (Eté 93) en leur remettant le Prix Jeunes Talents.
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Depuis son lancement en 2015, Women In Motion, au travers de nombreux Talks qui ont vu défiler des noms éclectiques et prestigieux, s’est fait le véritable réceptacle de problématiques hautement contemporaines, que les révélations du scandale Weinstein n’ont fait qu’éclairer considérablement.
Pour fêter sa cinquième édition, le programme lance son propre podcast dont la première série se concentre sur cinq femmes qui illustrent, dans leur identité et leurs parcours, la diversité et la pluralité de Women In Motion : Agnès Varda, Jodie Foster, Salma Hayek, Aïssa Maïga et Emilia Clarke. Au cours de la quinzaine, une nouvelle série de podcasts, produite et réalisée par la journaliste Géraldine Sarratia, sera enregistrée dans le studio Women In Motion, afin de faire résonner les voix de femmes qui chacune à leur manière font le cinéma.
Féminisme et cinéma
L’année dernière, c’est depuis la croisette que nous est parvenue l’une des images le plus marquantes de cette lutte pour l’égalité. Lors de la 71e édition, sur le tapis rouge du Palais, 82 femmes, actrices, réalisatrices, productrices, distributrices, techniciennes prenaient place dans une joyeuse communion. En leur centre, Agnès Varda et Cate Blanchett, alors Présidente du Jury, micro en main, réclamaient leurs droits. 82 femmes. Le chiffre n’est pas anodin. Il correspond au maigre nombre de femmes sélectionnées en compétition officielle (contre 1688 hommes) depuis la création du Festival de Cannes en 1946. L’image fut évidemment emblématique, d’autant plus, qu’elle succédait, de peu, à l’éclatement aux Etats-Unis de l’affaire Weinstein, qui levait enfin le voile sur tout un système de pouvoir sexiste au sein de l’industrie Hollywoodienne. C’était en octobre 2017, et dès la parution des révélations accablantes du New Yorker et du New York Times, les témoignages, soutiens et autres groupes destinés à dénoncer les harcèlements, agressions sexuelles et tout autre mécanisme d’asservissement dans l’industrie cinématographique (et au-delà) n’ont cessé de proliférer. Aux Etats-Unis, Time’s Up (qui vient de lancer 4% challenge pour favoriser les femmes dans l’industrie) ou encore #Metoo se sont fait les voix de cette lutte.
S’il n’a pas connu un tsunami de telle ampleur, le cinéma français s’est vu lui aussi tout autant concerné par la question. Créé en février 2018 par l’association Deuxième Regard luttant contre les stéréotypes de genre au cinéma et soutenu dès sa création par plus de 300 personnalités, le collectif 5050×2020 a été pensé comme un bastion pour l’égalité femmes/hommes, permettant de promouvoir la parité, la diversité et « d’avancer sur des mesures concrètes, qui dépassent le seul sujet des violences sexuelles. » peut-on lire sur leur site internet. Si le récent bilan d’étape du CNC, établi en mars dernier à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, fait état de quelques belles avancées en la matière comme par exemple l’augmentation notable (62,2%) de films réalisés par des femmes entre 2008 et 2017 ou encore la présence quasi-paritaire des femmes aux postes de production (43,2%) et de distribution (51,6%), la part d’investissement pour un film réalisé par une femme n’a, par exemple, augmenté que de 4,3% en dix ans. Encore aujourd’hui, les films réalisés par des femmes coûtent en moyenne 2 millions d’euros de moins que ceux fait par les hommes.
Si 2017 a été une année charnière pour les droits des femmes, les chiffres, eux, ne datent pas d’hier. C’est en 2007 que Stacy L. Smith, spécialisée dans l’étude de genre au cinéma et à la télévision, entreprend un travail destiné à évaluer l’importance des personnages à l’écran selon leur genre, origine, couleur de peau, orientation sexuelle et situation de handicap. Après dix longues années de visionnages (1100 films au total), la chercheuse de l’USC rend un bien triste bilan : sur les 48 757 personnages importants, moins d’un tiers sont tenus par des femmes. Un constat amer certes mais qui aura engendré, sous l’impulsion de Stacy L. Smith, le fameux et ô combien nécessaire « inclusion rider ». Scandée fièrement par Frances Mc Dormand sur l’estrade du Dolby Theater lors de la remise de son Oscar en mars 2018 (« I’ve got two words for you tonight : inclusion rider » /« J’ai deux mots pour vous : inclusion rider »), cette nouvelle clause permet à chaque actrice et acteur d’exiger plus de diversité au sein des équipes des films.
Kering a d’ailleurs récemment annoncé un partenariat entre Women In Motion et Stacy L. Smith qui débutera à Cannes, à l’occasion d’une table ronde menée par la chercheuse, et se poursuivra pour 9 mois de recherche sur la thématique de la représentation des femmes au cinéma et leur reflet dans les médias.
Encore une histoire de parole dite tout haut et bien fort que Women In Motion a bien compris. Pour fêter son cinquième anniversaire et accueillir de nouveaux champs culturels, le programme met à disposition, dans sa première série de podcasts, cinq de ses passionnantes conférences. L’occasion parfaite de se replonger dans les mots précieux de Jodie Foster, Salma Hayek, Aïssa Maïga, Emilia Clarke ou encore d’Agnès Varda, qui lors de son intervention, notait avec la délicieuse malice qu’on lui connaissait : « Parler de la place des femmes dans le cinéma, ce n’est pas une seule conversation qu’il faudrait avoir mais dix ! »
Retrouvez la première série de podcasts Women In Motion sur iTunes, Spotify, Deezer et SoundCloud.
Épisode 1: Agnès Varda
Épisode 2: Jodie Foster
Épisode 3: Salma Hayek
Épisode 4: Aïssa Maïga
Épisode 5 : Emilia Clarke
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