Pulsions violentes et mise en scène grossière du pouvoir, le président de la République tchétchène Ramzan Kadyrov livre un combat sévère contre les principes démocratiques.
1. Le poto à Gégé
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Depuis “l’affaire Depardieu”, un grand nombre de Français connaissent le nom du président de la République de Tchétchénie, qui cumule son poste avec celui d’“ami” de l’acteur – ami chelou, mais ami quand même. Peu connaissent vraiment le parcours de cet homme dont la pilosité faciale laisse apparaître un visage à l’air narquois. Fils de l’ancien président tchétchène et grand mufti Akhmad Kadyrov (assassiné en 2004), Ramzan est officiellement président de son pays depuis le début de l’année 2007. Proche de Poutine qui l’a placé au pouvoir, Kadyrov est régulièrement accusé par les défenseurs des droits de l’homme de couvrir enlèvements, exactions et assassinats. Pour Gérard Depardieu, en revanche, il n’y a pas motif à s’inquiéter, si l’on en croit sa déclaration récemment reprise par un communiqué de la présidence tchétchène : “Je suis sûr que ce sont des gens heureux qui vivent ici. Pour danser et chanter comme les Tchétchènes, il faut être vraiment heureux.“
2. Le ministre punching-ball
En début de semaine dernière, le président publiait sur Instagram un montage de quatre photos montrant un combat de boxe dans une salle à la décoration douteuse (ring, faux plafond, marbre (?) aux murs et briques dans les coins, censées sans doute donner une touche “loft new-yorkais”). Ramzan Kadyrov y affronte (sans casque, évidemment) son ministre des Sports, ici accusé de mal entretenir le bâtiment abritant son ministère. Voilà qui valait bien un uppercut au foie et une grosse mandale dans la face. “Avec un crochet du gauche et du droit, je lui ai expliqué” qu’il devait “faire marcher (sa) tête”, écrivait Kadyrov victorieux et transpirant en légende. Voilà, voilà.
3. Applaudimaître
Selon les observateurs internationaux, Kadyrov se comporte en monarque, possédant, entre autres, montagne artificielle, mosquée, hippodrome et palais personnels. Immanquablement applaudi par ses ouailles, il se permet aussi d’insulter un arbitre (“Vendu, connard”) au micro du stade de Grozny. Voilà qui paraîtrait potache si tout cela ne cachait pas une pratique effrayante du pouvoir. Quelque temps avant d’être assassinée, la journaliste Anna Politkovskaïa dressait un portrait terrifiant de Ramzan Kadyrov et écrivait : “En Tchétchénie, les Kadyrovsky frappent les hommes et les femmes à partir du moment où ils pensent que c’est nécessaire. Ils les décapitent de la même façon que leurs ennemis wahhabites. Et tout ceci est justifié et commenté par les plus hautes autorités comme des détails permettant de placer les Tchétchènes en faveur de la Russie.” Sur Instagram, @kadirov_95 multiplie les photos légendées à sa gloire (au volant de son gros gamos, il commente par exemple : “Arrivé sur le marché pour faire des courses”). Mais ce côté “ado attardé” mis en scène sur Instagram ne doit pas faire oublier une réalité plus dangereuse qu’un simple sidekick dans les dents.
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