Rediffusion d’un documentaire en quatre volets de Karim Miské qui, depuis, s’est interrogé sur sa propre identité dans un livre, « N’appartenir”.
Déjà diffusée en 2013, cette série documentaire réalisée par Karim Miské explore une longue histoire commune, depuis les origines de l’islam (610-721) jusqu’à la guerre des mémoires.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Depuis ce travail exhumant des archives et éclairant rigoureusement les prémices et les dérives d’une relation culturelle passionnelle, l’auteur s’est penché de manière très personnelle sur son propre parcours dans un livre, sorti ce printemps, N’appartenir (éditions Viviane Hamy).
“J’habite une étrangeté”
Comme s’il était temps pour lui, après tant de documentaires et de tribunes, de se “confronter” à ce qui le “démangeait” depuis des années : “l’appartenance”. “J’habite une étrangeté, écrit-il. Inquiétante, parfois. Ne jamais être exactement celui-là : the Arab in the mirror. Ni celui-ci : le Français dans ma tête. Drôle d’état.”
Miské interroge sa double et trouble identité, cet état de n’être “inclus dans rien”, de “n’habiter aucune catégorie solidement établie”, d’être en “perpétuelle oscillation au bord du gouffre”.
Comment circuler entre plusieurs identités ?
Né d’un père mauritanien musulman et d’une mère française athée, l’auteur n’aurait eu aucun mal à circuler entre plusieurs identités si la violence symbolique de la norme sociale n’avait pesé sur lui, sur sa propre liberté.
Perçu comme un bâtard, “toujours suspect” aux yeux de ceux qui ne saisissent pas la richesse d’entremêler en soi les multiples horizons culturels, géographiques, politiques, religieux, Karim Miské fait le récit à vif de ses souvenirs d’enfance, pour mieux comprendre la voie ultime de son salut, c’est-à-dire de son identité consolidée, sans faille, sans fêlure aucune : l’écriture, les films.
De la sensation de n’appartenir à rien ni à aucun lieu, l’auteur retrace le chemin qui l’a conduit vers son autonomie psychique et vers sa liberté absolue : “s’appartenir”, enfin. Une conquête qui résonne aussi en creux dans son beau travail généalogique sur les juifs et les musulmans, ou comment la question collective de l’appartenance flotte depuis des siècles sur le destin des peuples.
Juifs et musulmans – Si loin, si proches collection documentaire de Karim Miské. Mardi 28, 20 h 55, Arte (le dossier et les films en VOD)
{"type":"Banniere-Basse"}