L’avocat Juan Branco, “consulté” par Piotr Pavlenski avant la diffusion des vidéos intimes attribuées à Benjamin Griveaux, s’est expliqué sur son rôle dans cette affaire, sur BFMTV, ce 17 février.
Rarement une interview aura été aussi tendue. Ce 17 février, pendant vingt minutes, l’avocat Juan Branco, que l’artiste russe Piotr Pavlenski aurait “consulté” avant de révéler des vidéos intimes attribuées à Benjamin Griveaux, a fait face à la journaliste Apolline de Malherbe sur BFMTV. Celle-ci ne l’a pas ménagé, l’interrogeant sur son rôle et son but dans cette affaire, et concluant même l’interview d’une froide sentence pleine de sous-entendus : “Plus on vous entend, et plus on se demande si Piotr Pavlenski n’est pas que l’exécutant, et vous le manipulateur”.
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“Nouvelle entorse”
Il plane en effet une aura de mystère sur le rôle de Juan Branco dans toute cette affaire : a-t-il “participé” à l’éclatement du scandale, ou n’a-t-il fait que “conseiller en amont” Piotr Pavlevski ? Tout est affaire de nuances. Pour l’auteur du best-seller Crépuscule, interrogé par Le Point, les choses sont claires : “Il m’a consulté comme avocat. J’ai compris que, pour lui, c’était un acte politique. De la même façon qu’il s’était opposé au régime de Poutine, il était prêt à tout pour s’opposer au régime de Macron, qu’il considère comme tout aussi répressif.”
Mais des articles publiés ce week-end considèrent cependant qu’il a eu un “rôle trouble” dans cette affaire. Ses liens avec l’artiste russe seraient aussi plus complexes qu’il ne le prétend. A tel point que l’avocat, ancien candidat de la France insoumise aux législatives de 2017, aurait été dessaisi de l’affaire par le parquet, alors que Piotr Pavlenski a souhaité oralement que Juan Branco le représente dans le cadre de l’enquête contre lui pour « atteinte à la vie privée ». Le 16 février, Juan Branco a déclaré : “Le parquet vient de prendre une décision extraordinaire, il s’oppose à ce que je représente mon client”. Il ajoute : “Il m’a été précisé que je n’étais en rien mis en cause dans ce dossier, mais parce que j’étais cité, le parquet a considéré qu’il y avait là une nouvelle entorse à mettre en œuvre contre la défense de Piotr Pavlenski”.
Affaire Griveaux: dessaisi du dossier de Piotr Pavlenski, Juan Branco dénonce "une atteinte aux droits de la défense" pic.twitter.com/CTBkJ1TXvX
— BFMTV (@BFMTV) February 16, 2020
Histoire d’une rencontre
Comme l’explique un article détaillé du Monde, l’artiste russe, sa compagne Alexandra de Taddeo, et Juan Branco se sont rencontrés en 2019, lors d’une conférence à Paris-II. Après celle-ci, Juan Branco aurait invité le couple à passer avec lui le Nouvel An chez une amie, au-dessus du Café de Flore. Lors de cette fête (perturbée plus tard par une rixe entre le Russe et plusieurs invités), Alexandra de Taddeo aurait évoqué une “importante action” au cours de laquelle Piotr Pavlenski pourrait solliciter Juan Branco pour sa défense. L’avocat ignore encore de quoi il s’agit, mais connaissant les actions de l’artiste en Russie, il se dit “enthousiaste”.
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Juan Branco raconte donc avoir été “consulté” par l’artiste russe. Mais sur Twitter, il se défend d’avoir “participé” à l’affaire. Or, dans une interview pour le média Vécu le 15 février, il a déclaré : “Ce qu’on a fait, on l’a fait sans haine, on a juste montré le désaccord entre des actes et des paroles”. Ce 17 février, au micro d’Apolline de Malherbe sur BFMTV, Juan Branco est revenu sur cette déclaration, et sur les soupçons de complicité avec Piotr Pavlenski qui pèsent sur lui : “J’ai accompagné Piotr Pavlenski en tant qu’avocat, et je continue à le faire. C’est ce que je dis depuis le début”. “Piotr a agi avec la personne qui lui a transmis ces informations”, pas avec lui, déclare-t-il encore.
“Je l’accompagne et j’épouse son action”
Sa façon de faire irruption de manière polémique dans cette affaire fait partie selon lui de sa stratégie de défense : “Je l’ai accompagné en tant qu’avocat, avec la détermination qui est la mienne à chaque fois que je défends un client : je l’accompagne et j’épouse son action de façon à détourner le feu, à devenir moi aussi un objet de la polémique, c’est ce qu’on appelle une défense de rupture, de façon à lui permettre de se défendre”.
Juan Branco a par ailleurs dénoncé le scandale de sa mise à l’écart alors que, selon lui, il a été “désigné par Piotr en amont” : “Quand vous êtes face à un appareil de pouvoir si puissant, évidemment vous cherchez un conseil qui ne tremble pas”, dit-il pour justifier sa présence à ses côtés. “Piotr m’a consulté avant. (…) On est dans une situation insupportable. Qu’il ne puisse pas choisir sa défense parce qu’il s’est attaqué à un des principaux piliers du régime actuel est un scandale”, martèle-t-il.
"J'ai un grand plaisir à décrypter les mécanismes d'accession au pouvoir: la corruption le pantouflage (…) Je trouve un grand plaisir à sortir des informations qui ne sont pas sorties dans l'espace public"
🎙 Juan Branco @anatolium avocat #BourdinDirect pic.twitter.com/O7zrtQXpfj— RMC (@RMCInfo) February 17, 2020
La journaliste l’a cependant attaqué sur sa “haine quasi-obsessionnelle à l’endroit de Benjamin Griveaux”, auquel il consacre des pages de Crépuscule. Et elle n’a pas semblé convaincue par ses démentis face aux accusations de « complicité » avec l’artiste russe. Quant aux autres vidéos dont Piotr Pavlevski serait possesseur, Branco n’en dit rien. Son seul but est de “défendre cet individu et sa liberté”, conclut-il.
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