La semaine dernière, un beau message d’espoir, la réalité alternative du sommeil, un torse bombé aux biscoteaux saillants et les secrets de la métamorphose.
“Foals, la métamorphose”, annonces-tu en couverture de ton numéro spécial “rentrée musique”. En pages intérieures, on apprend que le leader du groupe, Yannis Philippakis, “autrefois sombre, marmonnant la tête baissée des réponses alambiquées, comme s’il se mettait lui-même à la torture” est désormais “un homme assuré, ouvert voire rigolard”.
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Quel beau message d’espoir. On peut toujours s’affirmer, se transformer. J’avais presque oublié que ça pouvait être ça, une rentrée : la promesse d’une métamorphose. A force, on finit par se résoudre à accepter la répétition à l’infini du même scénario annuel. On rêve de changement pendant l’été – il est temps de se réinventer, tout est toujours possible – mais les rêves se fracassent sur la réalité du retour à la normale que constitue une rentrée.
Vite le Club Med Gym !
La coupe de cheveux se défraîchit, le cartable neuf s’abîme, les bonnes résolutions s’oublient, le vélo retrouve sa place dans la cave et tout redevient désespérément comme avant. Rien ne s’est métamorphosé, et certainement pas nous. Mais non ! Pas cette année ! Foals montre le chemin. La métamorphose est possible. Vite un bulletin d’inscription pour le Club Med Gym ! Tout part peut-être de là.
Chez Yannis Philippakis en tout cas, changements intérieurs et extérieurs vont de pair : “De corps aussi, il a changé : il s’est remplumé, son torse est bombé, ses biscoteaux sont saillants.” Je veux les mêmes ! Et puis aussi “ce regard (qui) n’évite plus celui de son interlocuteur mais le confronte et le sonde, brillant d’une flamme, d’une exaltation et d’une fierté presque palpables”. Mais comment faire ?
“Nous avons désormais réussi plus de choses”, dit Philippakis pour expliquer sa plus grande sérénité. Lorsqu’il se souvient de qui il était avant sa “métamorphose”, il dit : “J’étais encore assez mécontent de mes propres échecs (…) j’avais l’impression de poursuivre quelque chose qui courait plus vite que moi.”
Pour accéder à cette sérénité, Philippakis a dû s’arracher à ses doutes par le travail. Zut. Pas de recette miracle en vue. Du travail, du talent et la certitude d’avoir déjà accompli quelque chose d’important. La méthode Philippakis ne m’est pas applicable.
Le sommeil, forme de vie intense
Mais on peut voir les choses autrement. A défaut d’avoir “réussi plus de choses”, on peut opter pour l’option inverse : ne plus poursuivre ce qui court plus vite, accepter l’échec, renoncer à se dépasser, en finir avec l’action, l’insatisfaction et l’ambition. Et surtout, dormir ! Le programme semble peu exaltant ? Pas sûr.
Pour Apichatpong Weerasethakul, le sommeil, c’est “la possibilité de choisir une réalité alternative”. Le sommeil “joint la vie, la mort et le sexe”. Il est une forme de vie plus intense que n’importe quelle journée bien remplie et qui permet toutes les métamorphoses. Faire de sa vie un film d’Apichatpong Weerasethakul : ce serait la plus exaltante des métamorphoses.
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