Le fondateur de Surfer Magazine s’est éteint à l’âge de 84 ans.
Un jour, béni, John Severson vint m'ouvrir la porte et me dit, avec son sourire de publicité américaine des années 60 : “Bonjour, je suis John”. Je me gardais bien, tant le colosse maniait la modestie, de lui dire que je connaissais par cœur ses photos et récits, comme tant de gens ayant trop fréquenté la côte Basque et ayant construit autour de la mythologie Severson leur imaginaire et fantasmes.
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Lui qui, jusqu’à récemmment, surfait encore à Hawaii vient de s’éteindre à l’âge de 83 ans. Photographe, artiste, réalisateur, sujet de films et documentaires en plus d’être un surfer de gros, John Severson avait lancé, avec triomphe, le magazine américain Surfer en 1959. Depuis 1972, cet écologiste convaincu avait quitté le continent américain pour s’installer à Maui, où il est décédé.
Il a largement contribué à faire passer le surf d’un sport confidentiel à un art de vivre, avec son esthétique, ses codes, son éthique et sa coolitude.
Dans son beau livre Surf (Editions Damiani), Severson ne photographiait pas un sport, techniquement, depuis l’eau : il shootait un vent de liberté. Ces images définissaient une génération qui refusa le gris et la rigueur de ses parents, qui découvrait qu’on peut dire non, qu’on est plusieurs, qu’il faut résister le plus longtemps possible à la dictature de la soumission, de la résignation. L’été sans fin, ce mythe sublime des surfers, c’est ça : repousser le plus loin possible l’automne, la vie d’adulte. Quelques mois de plus, quelques vagues de plus.
“On ne veut ni lois, ni gouvernement. Dans l’eau, il reste que le surf, la liberté…” Et c’est exactement ce qu’il photographiait : ce moment où l’homme s’arrache à la terre, s’abandonne à ses rêves, échappe à la pesanteur.
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