Joueur et entraîneur révolutionnaire de l’Ajax d’Amsterdam et du FC Barcelone, le plus grand footballeur néerlandais de l’histoire est mort à l’âge de 68 ans.
Il était “L’Empereur de l’Europe” pour l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano, tout simplement. Pour certains, il était aussi ce “troisième meilleur joueur du monde”, derrière l’infatigable homme-sandwich Pelé et le génial mais usant Maradona.
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Pour Michel Platini, qui s’y connaît un petit peu en ballon rond, la partition est légèrement différente : “C’était le meilleur joueur de tous les temps”, a réagi le mythique numéro 10 des Bleus à l’annonce du décès de Johan Cruyff. Le métronome batave, chantre du “football total”, s’est éteint jeudi 24 mars à Barcelone, taclé par derrière, à 68 ans, par un cancer du poumon.
Mathématiques, psychologie et amour total pour son sport
Sportifs et médias du monde entier ont rendu hommage au mythique numéro 14. Tout au long de sa carrière de joueur (de 1964 à 1984), de l’Ajax d’Amsterdam au FC Barcelone, mais aussi d’entraîneur des mêmes clubs (l’Ajax de 1985 à 1988 avant d’entraîner le Barça jusqu’en 1996), Cruyff n’a pas seulement révolutionné la tactique mais l’essence même du jeu le plus populaire de la planète, réinventant les notions d’espace et de dépassement, mêlant mathématiques, psychologie et amour total pour son sport.
Esthète absolu, joueur hors du temps, contrairement à ses illustres concurrents, Pelé, Maradona et Platini, Cruyff est également une icône qui réussit aussi bien sa carrière de joueur que celle d’entraîneur. Son meilleur CV reste en effet son palmarès. Cruyff a tout remporté en tant que joueur : dix championnats nationaux, trois coupes d’Europe des clubs champions (ancêtre de la Ligue des champions) et trois Ballons d’or, la plus haute distinction individuelle dans le foot.
Football total
Seule ombre au tableau, un palmarès vierge avec les Oranje, le surnom de l’équipe nationale néerlandaise. Son nom comme on l’a dit restera donc intimement lié à la notion de “football total” – cette idée que toute l’équipe attaque mais aussi défend, effaçant le concept même du “poste” dans le football (un peu comme les multi-instrumentistes d’Arcade Fire en musique, pour comparer). Cruyff avait largement porté cette idée généreuse et collective, en tant qu’élève du plus grand entraîneur du football d’hier, Rinus Michels, puis maître du plus grand entraîneur du football d’aujourd’hui, Pep Guardiola.
“A quoi sert d’être premier s’il n’y a pas de plaisir ? Si tu n’aimes pas ce que tu fais, ça ne sert à rien. Et ça ne vaut pas seulement pour le football. Ça vaut pour tout. Personnellement, je préfère perdre sans trahir mes idées que gagner sans m’amuser”, déclarait Cruyff dans une magistrale interview à So Foot qui lui consacrait un fabuleux numéro spécial à l’été 2015, quelques jours avant l’annonce de sa grave maladie.
Le plus beau footballeur de ces soixante dernières années
Connu pour fumer à la mi-temps des matches, Johan Cruyff avait été opéré d’urgence à Barcelone, au mois de février 1991, pour une insuffisance coronarienne aiguë. Il s’en sortira et poussera le sublime jusqu’au dernier souffle, choisissant la veille d’un intéressant Pays-Bas-France chez lui, à Amsterdam, pour s’offrir un dernier passement de jambe.
A la quatorzième minute du match, les vingt-deux acteurs, l’ensemble du public de l’Amsterdam ArenA et le monde du football devrait rendre un hommage mérité au plus beau footballeur de ces soixante dernières années. Un de ses aphorismes préférés : “D’une certaine façon, je suis sans doute immortel.” Très juste.
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