L’aventure remonte aux années 90 et a commencé sur le Minitel. Sébastien Pissavy raconte dans un livre comment il a monté et développé le site vidéoludique devenu en dix ans le plus visité d’Europe.
Son nom est moins connu que ceux de Marc Simoncini, d’Orianne Garcia ou encore de Xavier Niel. Il n’en demeure pas moins qu’à 39 ans Sébastien Pissavy est l’un des pionniers du web français. Dans un ouvrage qu’il vient de publier, le fondateur de jeuxvideo.com revient sur l’histoire d’un site, devenu en l’espace d’une décennie le premier média vidéoludique d’Europe et le cinquième site le plus visité en France.
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Tout débute en 1995 au service informatique du 92e régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand. Durant son service militaire, Sébastien Pissavy préfère déjà la souris aux armes à feu. Dès qu’il le peut, ce passionné d’informatique joue sur son PC à des jeux comme Doom ou Dune. « Dans les années 1990, les jeux étaient d’une difficulté relativement élevée. En venir à bout tout seul représentait un défi insurmontable », explique Pissavy. C’est le déclic. Après avoir terminé son service, il commence à rédiger une Encyclopédie des trucs et astuces de jeux vidéo (ETAJV) sur disquettes.
Victime de son succès et des demandes régulières de mises à jour, il lance une version Minitel. « Souvent considéré comme un handicap pour la démocratisation d’internet, ce bon vieux Minitel franco-français a été au contraire pour nous un tremplin », relate Pissavy. 3615 ETAJV va devenir la principale source de financement de son futur site, baptisé jeuxvidéo.com.
Lancé au début de l’année 1997, le site peine à trouver son audience. Implantée à Aurillac, en Auvergne, la petite entreprise échappe à la bulle internet et ne se développe que sur les fonds personnels de ses fondateurs. « Si nous avions été parisiens et non pas auvergnats, nous aurions sans doute levé des fonds et augmenté notre structure de coûts trop tôt », analyse rétrospectivement Sébastien Pissavy. La chance tourne au début des années 2000. Alors que la plupart des magazines de jeux vidéo commencent à lentement péricliter, jeuxvideo.com, plus réactif, s’impose comme la référence en ligne de l’actualité vidéo ludique. En 2000, Sébastien Pissavy cède 80 % de ses parts à Gameloft mais continue à gérer l’entreprise comme un indépendant. Il faudra attendre 2012 et quinze années au service de son « bébé » pour qu’il jette l’éponge.
Au-delà de la successstory entrepreneuriale, Sébastien Pissavy revient également dans son livre sur les démêlés judiciaires du site. Au fil des années, le forum « Blabla 15-18 ans » de jeuxvideo.com est en effet devenu l’équivalent français et prépubère du mythique forum américain 4chan, lieu de toutes les créations et de tous les détournements.
Dans son livre, le fondateur de jeuxvideo.com analyse l’émergence de la communauté dite des « noélistes » qui s’est constituée sur ce forum. Vénérant un smiley portant un bonnet de Père Noël, ces jeunes activistes potaches ont mis leur talent à contribution pour poster des photomontages, réaliser des vidéos ou bien encore inventer des blagues dans le seul but de s’amuser. « C’est sans doute le groupe de jeunes gens les plus créatifs qu’il m’ait été donné de voir sur le web francophone », confie Sébastien Pissavy.
Au nom du LOL, les noélistes ont multiplié les coups d’éclat : piratage du site de l’armée américaine, diffusion des sujets du bac avant les épreuves ou bien encore la propagation de la fausse mort de Jean Dujardin. Avec le recul, Sébastien Pissavy estime que « ce fake aura au moins permis de mettre en lumière certaines dérives dans le traitement de l’information sur internet, par des journalistes plus soucieux d’être les premiers à relayer une information que d’en vérifier la véracité. »
Jeuxvideo.com : Une odyssée interactive – L’incroyable parcours du créateur de jeuxvideo.com de Sébastien Pissavy (Pix’N Love Editions), 237 pages, 19 €
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