Une mini-aventure détachée du blockbuster GTA IV. Fantaisiste et toujours aussi imaginatif.
Vous connaissez cette ville. Vous avez arpenté ses trottoirs, flâné dans ses parcs, scruté les faits et gestes de ses habitants. Vous étiez Niko Bellic, venu d’Europe de l’Est découvrir ce qui reste du rêve américain. Membre d’un gang de bikers, vous vous appeliez Johnny Klebitz. Au coeur des luttes entre triades rivales, Huang Lee était votre nom. Les rues et les commerces n’ont pas bougé, et vous voilà désormais baptisé Luis Lopez. Ex-taulard, vous êtes l’homme de main de Tony Prince, patron de boîtes de nuit ouvertement gay (ce qui ne se voit pas tous les jours dans le jeu vidéo) dont les relations d’affaires avec la pègre ne témoignent pas d’un discernement exemplaire. Vos dons avérés pour le maniement des armes à feu n’en seront que davantage mis à contribution.
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Vendu seul en téléchargement (pour 20 euros) ou au sein du pack Episodes from Liberty City, qui comprend aussi The Lost and Damned, The Ballad of Gay Tony est la seconde mini-aventure (d’une bonne dizaine d’heures, quand même) dérivée de GTA IV. Si l’on prend en compte Chinatown Wars, le volet portable fraîchement adapté sur PSP et attendu sur iPhone, c’est ainsi la quatrième fois que les joueurs sont invités à parcourir cette ville et, du même coup, la quatrième identité différente qui leur est fournie.
Ludiquement, The Ballad of Gay Tony ne déçoit pas et, après le virage “sérieux” de GTA IV, se distingue même par un retour à une certaine fantaisie transgressive volontiers bête et méchante. Entre une virée touristique approximative (où diable peut bien se trouver le Flatiron Building repéré la veille ?) et quelques trémoussements langoureux sur le dance-floor du Maisonette 9, entre l’attaque en hélico du yacht abritant une bande de trafiquants d’armes et la visite au Fight Club local pour, semble-t-il, tirer la maman du “héros” d’un mauvais pas, les activités attrayantes ne manquent nullement. Mais c’est encore l’effet de ce fameux retour sur des lieux bien connus, et pourtant comme transformés par le nouveau rôle que l’on est amené à y jouer, qui frappe dans The Ballad of Gay Tony. D’autant que, au détour d’une rue ou lors d’une mission, il nous arrivera plus d’une fois de croiser Niko Bellic ou Johnny Klebitz, ces autres nous-mêmes, ces visages que l’on s’était plu à emprunter il n’y a pas si longtemps.
Avec son balancement constant entre fidélité au réel (via sa reconstitution de New York) et grand écart délirant, avec ses pauses cinématographiques entre deux séquences-manifestes à la gloire du pur gameplay, la saga GTA s’affirme paradoxalement à la fois comme l’archétype du jeu vidéo actuel, son modèle par excellence, et comme le lieu bouillonnant où cherche à s’inventer son avenir. C’est une ronde syncopée, une affaire de masques, de clignotements identitaires autant que conceptuels, de pertes enivrantes de soi suivies de retrouvailles émues. Dans une ville dont le nom n’aurait pu être mieux choisi : Liberty City.
Grand Theft Auto: Episodes from Liberty City Sur Xbox 360 (Rockstar Games, environ 45€)
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