Le retour de Rayman, Uncharted 3, Child of Eden parmi tant d’autres : en 2011, une avalanche inédite d’excellents jeux s’est abattue sur les joueurs. Cela n’a pas empêché la crise de mettre en déroute nombre de studios.
Il y a eu un petit bonhomme sans bras qui fait des bonds, un aventurier charmeur, des formes fantasmagoriques qui répondent à nos gestes, et puis des justiciers masqués, la renaissance du jeu de rôle “ouvert”, une plongée dans le Los Angeles des années 40, des simulations automobiles à ne plus savoir qu’en faire… Le jeu vidéo avait-il déjà connu une aussi belle année ?
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Un contexte économique morose
Etablir un top 10 n’a pas été une sinécure. Manquent notamment à l’appel : Skyrim, Forza Motorsport 4, Top Spin 4, NBA 2K12, El Shaddai, Driver – San Francisco, Shadows of the Damned, Bastion, Dirt 3, BulletStorm et Dead Space 2, qui y auraient trouvé leur place dans une année “normale”. Pour les derniers Zelda et Assassin’s Creed, c’est différent, on l’a fait exprès – franchement, les gars, faites preuve d’un peu plus d’audace, la prochaine fois. Mais nous pardonnera t-on d’avoir exclu Blocks That Matter ?
Le paradoxe est que cette effervescence créative s’inscrit dans un contexte économique morose. Pour un Modern Warfare 3 qui bat des record au box office (775 millions de dollars de recettes en cinq jours), combien de studios et d’éditeurs en difficulté ? En mai paraissait l’excellent L.A. Noire. En octobre, le studio australien Team Bondi, qui l’a conçu sous l’égide de Rockstar Games, fermait ses portes. Et même sur l’App Store, pris d’assaut (toutes proportions gardées) par les superproductions, certains indépendants font grise mine – difficile de suivre lorsque les jeux se comptent par milliers et que le marketing prend le pas sur le bouche à oreille.
S’il n’a pas trop en tête le destin tumultueux des responsables de ses plus belles rêveries assistées, l’amateur de jeux vidéo a donc passé une bien belle année, équilibrée entre franches nouveautés et approfondissements de concepts ludiques éprouvés. La grande tendance, c’est l’absence de tendances, l’explosion du marché en une multitude de chapelles qui ont la bonne idée de dialoguer un peu entre elles. L’évolution du jeu reposant sur la détection de nos mouvements est révélatrice.
Chez Nintendo, on s’apprête à passer à autre chose. La console Wii U, qui succédera l’an prochain à la Wii, mise sur une autre grande mode actuelle avec sa manette-tablette : le jeu tactile. Chez Sony, le PS Move est à la fois une option offerte par des titres qui s’en passent très bien (Resistance 3, par exemple) et une gamme séparée (dont se dégagent l’inusable Eye Pet et le très chouette Medieval Moves). Côté Microsoft, Kinect semble perçu moins comme l’avenir du medium que comme une interface alternative – pour commander ses vidéos à la demande, visiter Disneyland ou faire le malin sur Forza 4.
Child of Eden est l’exception qui confirme la règle : voilà un jeu qui offre une expérience vraiment neuve en analysant nos gestes. Dans ce tourbillon, 2011 aura marqué une sorte de retour aux fondamentaux, au game design (l’esbroufe technologique marche de moins en moins) et même au level design – à la conception d’environnements interactifs élaborés avec précision. C’est ce qui fait le prix de Portal 2, d’Uncharted 3 (qui ne se repose pas sur sa mise en scène cinématographique), de Super Mario 3D Land (modeste, obsédé par les détails, où chaque instant savamment amené est important) et même de Batman – Arkham City, dont la ville s’apparente à une accumulation de lieux passionnants plutôt qu’à un grand espace laissé plus ou moins à l’abandon comme c’est parfois le cas dans les jeux à monde ouvert.
Xenoblade Chronicles est un peu à part : c’est la possibilité de voir au-delà de ce que l’on vit dans l’instant qui fait décoller le jeu. Mais le role playing game (RPG) japonais s’était trop souvent abandonné au grand spectacle strictement délimité pour qu’on ne salue pas sa hauteur de vue – et sa manière de négocier les temps morts qui, quoi qu’on en pense, ont leur importance dans le jeu vidéo.
2012 est presque là et les grandes manoeuvres vont commencer. Le jeu portable est le premier visé. Après Nintendo et sa 3DS (à qui il a fallu une sévère baisse de prix et deux jeux Mario pour décoller commercialement), Sony s’apprête à défier les smartphones avec sa prometteuse PlayStation Vita. Mais les consoles de salon devraient suivre rapidement. Si la Wii U est déjà annoncée, les machines appelées à succéder à la Xbox 360 et à la PS3 sont déjà dans les cartons. Les “vieilles” consoles ont pourtant encore beaucoup à nous offrir. Attendu cette année, The Last Guardian (de Fumito Ueda, l’auteur d’Ico et de Shadow of the Colossus) a été reporté. C’est notre grand pari pour 2012.
Erwan Higuinen
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