Quand le jeu de guerre classique est pimenté par la possibilité de devenir alien plutôt que marine.
Il y a quelques semaines, les usagers du métro parisien ont pu assister à un curieux duel d’affiches publicitaires. “Devenez vous-même”, leur intimait la première, destinée à promouvoir la dernière campagne de recrutement de l’armée de terre. “Devenez plus que vous-même”, surenchérissait la seconde, réponse finaude de l’éditeur américain Electronic Arts pour la sortie de son jeu Battlefield: Bad Company 2. Si la formule moqueuse a été retirée à la demande de l’armée, ce petit affrontement mural a eu pour effet secondaire de rappeler la facilité avec laquelle certains codes graphiques circulent (dans les deux sens) entre les mondes vidéoludique et militaire. Et de poser une question pas si bête : que devient précisément le joueur lancé en pleine guerre virtuelle ?
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Relevant du genre FPS (jeu de tir en vue subjective), Bad Company 2 ne fournit aucun alter ego à l’écran auquel s’identifier. Notre rôle est pourtant clairement établi : membre d’une unité de combattants à la loufoquerie assumée (mais moins exploitée que dans le premier Bad Company), nous voilà chargé d’effectuer une série de missions en suivant les ordres de nos supérieurs. “On les a massacrés !”, s’écrie l’un de nos camarades au terme d’un assaut dans la jungle bolivienne, ce qui évoque plus le cri de victoire d’un gamin que celui d’un supersoldat. La vérité de ce Battlefield est là, que souligne encore davantage son mode multijoueurs : ce qu’il nous invite au fond à (re)devenir, c’est un amateur de jeux de plein air, un enfant qui court et se cache pour surprendre ses amis et s’amuse dans la forêt tout l’après-midi.
Tout juste pourra-ton lui reprocher sa grande proximité avec le best-seller Call of Duty: Modern Warfare 2, dont il reprend la formule avec son action aussi spectaculaire que cadrée. Car, de ce point de vue, c’est un peu toujours le même joueur que l’on reste en sa (bonne, néanmoins) compagnie. “J’espère qu’un jour on pourra visiter un pays sans buter tout ce qui bouge”, s’exclame fort justement l’un de nos frères d’armes.
Dans Aliens vs Predator, autre FPS en vue, qui mêle deux univers SF nés au cinéma, la métamorphose est plus radicale. Car le jeu du studio oxfordien Rebellion est triple : en plus de sa “campagne” principale, qui nous met dans la peau d’un marine de l’espace, il nous encourage à vivre l’aventure en jouant le rôle d’un Predator et d’un Alien. Au gameplay classique mais efficace de la partie humaine viennent ainsi s’ajouter deux autres visions, plus animales, plus brutales, de la même histoire. Les missions Alien sont les plus surprenantes : nous voilà devenu un monstre, nous dégoûtant nous-même (lorsque l’on aperçoit la queue de la bête en se retournant) et continuant à jouer, pourtant. C’est cependant la partie techniquement la moins aboutie du jeu. Dommage car, en matière de métamorphose du joueur, Aliens vs Predator ouvre des perspectives troublantes.
BATTLEFIELD: BAD COMPANY 2 Sur PS3,Xbox 360 et PC (Dice/ Electronic Arts, de 50 à 70€)
ALIENS VS PREDATOR Sur PS3,Xbox 360 et PC (Rebellion/Sega, de 55 à 90€)
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