Quand le jeu de tir, sport solitaire, s’hybride au jeu de rôle ou de groupe.
Des jeux de tir ? Comme c’est original… Egarés au rayon jeux vidéo d’un grand magasin, les moins experts trouveraient de quoi mettre en doute la créativité des game designers contemporains. Un coup d’oeil à une jaquette, puis à une deuxième, et encore à une autre : mais est-ce qu’on ne serait pas en train d’essayer de leur vendre trois fois (ou cinq, ou dix) le même jeu ?
Si les suites et imitations diverses abondent effectivement, ils auraient tort d’en tirer des conclusions hâtives. La production vidéoludique est certes dominée par quelques univers et genres bien installés, mais ces derniers s’apparentent moins à des systèmes formels figés qu’à une réserve de matière vivante, en perpétuelle évolution. Et les mutations du jeu de tir en vision subjective (ou FPS) ne sont assurément pas les moins intéressantes.
Borderlands et Left 4 Dead 2 se distinguent du genre dont ils sont issus par un même parti pris : celui de l’hybridation. Vieux routier du FPS, le studio texan Gearbox (Brothers in Arms) a d’ailleurs réussi un petit exploit avec le premier nommé : intégrer son gameplay nerveux à une structure de jeu de rôle (ou RPG) sans que jamais ce mariage ne paraisse forcé.
Dans un décor de western post-apocalyptique revu façon BD semi-ironique, Borderlands substitue ainsi aux combats qui rythment habituellement le RPG les affrontements très physiques du FPS. Particulièrement soigné, il gagne sur les deux tableaux en combinant l’attrait à moyen ou long terme du premier (avec sa liste de missions à accomplir au cours d’une longue aventure) et l’excitation au présent du second. Une double dynamique qui achève de rendre irrésistible la découverte de son monde sauvage, où rôdent bêtes féroces et mercenaires dérangés.
Arrivant un an seulement après un premier épisode à la carrière commerciale couronnée de succès, Left 4 Dead 2 surprend évidemment moins mais affine tout en l’enrichissant la formule de son prédécesseur, un FPS repeint aux couleurs du survival horror façon Resident Evil ou Silent Hill. Sa véritable spécificité vient de ce que, contrairement à la règle du genre en question, il n’est nullement conçu comme une expérience solitaire, son mode “solo” tenant essentiellement du terrain d’entraînement avant de passer aux choses sérieuses : la trouille partagée via internet.
Si les variantes offertes par Left 4 Dead 2 sont nombreuses, son principe de base est la coopération. Et le joueur de se retrouver plongé au coeur d’une attaque de zombies en compagnie de trois inconnus, volant à leur secours en cas de besoin, comptant sur eux pour le tirer d’un mauvais pas. Ce faisant, le titre de Valve introduit dans le jeu d’horreur la dimension collective que ce dernier pouvait encore envier à son cousin cinématographique. Et ressuscite avec talent les folles parties de gendarmes et voleurs d’antan.
BORDERLANDS Sur PS3, Xbox 360 et PC (Gearbox/2K Games, de 50 à 60€)
LEFT 4 DEAD 2 Sur Xbox 360 et PC (Valve, de 50 à 70€)