Un sequel réussi se doit d’offrir une évolution marquée tout en préservant l’essence du jeu. Démonstration avec MASS EFFECT et BIOSHOCK.
Parus tous deux à l’automne 2007, Mass Effect et BioShock étaient des jeux si aboutis que la perspective de les voir dotés d’une suite avait de quoi intriguer. Les développeurs allaient-ils se contenter de reprendre leurs formules gagnantes ou s’aventureraient- ils sur de nouveaux territoires ? Et qu’allait-il advenir des ambitions narratives flagrantes qui les rapprochent du tout frais Heavy Rain – à ceci près que les leurs prennent appui sur les conventions même du jeu vidéo ?
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Du côté de Mass Effect, l’évolution est, sinon radicale, du moins très marquée. Spécialistes du jeu de rôle, les Américains de BioWare (Baldur’s Gate, Knights of the Old Republic) ont choisi de resserrer l’expérience en accentuant la dimension “action” des combats (que l’on jurerait sortis d’un nouveau Gears of War) et en offrant une cure d’amaigrissement à certains éléments routiniers du genre (dont la gestion des gains en “expérience” de notre fière équipe).
Le pari se révèle payant, accentuant d’autant l’impact des deux aspects les plus forts du space opera ludique : son univers immense à explorer (même si l’on ne pose notre vaisseau que sur certaines planètes) et les minirécits associés à chaque personnage dont l’intérêt se trouve renforcé par l’excellence du système de dialogues interactifs – le joueur a de vrais choix à faire, qui influeront sur la suite de l’aventure. De manière un rien paradoxale pour un jeu aussi clairement influencé par le cinéma et les séries télé (façon Star Trek ou Cosmos 1999, chaque mission d’une petite heure s’apparentant à un épisode), c’est l’importance accordée aux noms (de personnages, de planètes…) et aux descriptions qui frappe dans les deux cas. Et révèle le secret de Mass Effect 2, qui doit à sa croyance en la force de la chose écrite une part essentielle de son extraordinaire aptitude à stimuler l’imagination.
S’il ne se débrouille pas mal non plus en la matière, BioShock 2 doit d’abord évacuer le soupçon d’inutilité qui pèse sur lui, le chefd’oeuvre auquel il fait suite semblant se suffire à lui-même. Il y parvient grâce au mélange d’application et de modestie avec lequel il perfectionne le gameplay de ce dernier, injectant davantage de stratégie dans ses courses-poursuites armées tout en respectant son univers singulier. Le joueur retrouve donc les couloirs peuplés de mutants de Rapture, splendide cité sous-marine Arts déco dont l’utopie fondatrice a tourné au cauchemar.
Mais là où le premier volet utilisait le genre FPS (jeu de tir en vue subjective) comme moyen de raconter l’histoire (sociale, politique, philosophique…) du lieu, BioShock 2 semble faire l’inverse : prendre possession de Rapture pour en faire le “simple” cadre d’une action explosive devenue la priorité. Le jeu y gagne en efficacité ludique ce qu’il perd en mystère. Comme oeuvre profonde et originale, BioShock a vécu, mais sa mutation en une série de jeux de tir haut de gamme est excellemment amorcée.
MASS EFFECT 2 Sur Xbox 360 et PC (BioWare/EA), de 50 à 70 €
BIOSHOCK 2 Sur PS3,Xbox 360 et PC (2K Games), de 50 à 70 €
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