La sexualité, et en particulier l’homosexualité, restent des tabous indépassables dans les jeux vidéos, encore très immatures quant aux thèmes de la sexualité. Pire : les cas de censure se multiplient. Pour le bien de tous, affirment les éditeurs.
Mis à part quelques rares, très rares cas extrêmes, la représentation et la banalisation de la violence, des actions héroïques sanglantes aux plus cruelles félonies, n’a jamais posé le moindre au monde du jeu vidéo, à ses concepteurs, éditeurs, utilisateurs ou censeurs. Les thèmes de la sexualité, et plus particulièrement la mention même de l’homosexualité, est en revanche un mur contre lesquels une grande majorité des éditeurs, encore pétris de tabous, se fracassent en coeur.
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Ainsi de la filiale d’Electronic Arts, Bioware, qui a récemment provoqué un joli petit tollé en fermant tous les sujets de discussion faisant mention d’homosexualité sur le forum dédié au jeu Star Wars : The Old Republic. Les mots ou les sujets consacrés à la création de personnage gays, lesbiens ou transsexuels étaient, tout simplement, interdits. Les plaintes de certains joueurs, qui notaient en outre que certains personnages du jeu ont clairement été définis comme homosexuels par leurs créateurs, ont abouti à cette étrange réponse de l’administrateur du forum : « Comme je l’ai déjà expliqué auparavant, ces termes n’existent pas dans Star Wars ». Le tollé a fait réagir et s’excuser publiquement Electronic Arts, pourtant papa des très libéraux Sims, ainsi évidemment et surtout que le susnommé censeur -il s’agissait, pour la compagnie, d’éviter les discussions et harcèlements homophobes dans ses jeux.
Plus tôt dans l’année, Sony et Blizzard (créateur du multi-millionnaire jeu de rôle massivement multijoueur Wold of Warcraft) s’étaient pris les pieds dans les mêmes thématiques. Sony avait ainsi banni l’usage de tout mot lié à l’homosexualité, ainsi par exemple que le mot « juif », des discussions sur sa plateforme communautaire Home. Blizzard, de la même manière, refusait toute incursion des thèmes de genre et de sexualité dans son jeu en ligne.
Partout, face au tollé, la même réponse : c’est pour les éditeurs le meilleur moyen, le plus radical du moins, de se protéger d’éventuelles dérives racistes ou homophobes. Explication peut-être sincère, mais sans doute un peu courte -la bonne vieille pudibonderie, notamment dans le cas des éditeurs américains, n’est sans doute pas totalement étrangère à ces décisions. « Le traitement immature des questions liées à l’homosexualité dans les jeux vidéos va bien plus loin que l’imposition de l’hétérosexualité, a répondu à Ars Technica Flynn De Marco, rédacteur en chef du site GayGamer. Beaucoup des personnages homosexuels croisés dans les jeux sont de purs stéréotypes négatifs -tout comme la représentation de beaucoup d’ethnies. Les gens veulent supprimer ou marginaliser ce qu’ils ne comprennent pas. Le jeu vidéo touche à bien des aspects de la vie, c’est une évidence, mais nous savons très bien que les jeux sont souvent joués par des gamins malléables, qui ont besoin qu’on leur apprenne que tous les gens qu’ils croisent dans la vie réelle sont des stéréotypes vivants. Il serait formidable que l’industrie du jeu commence à prendre ses responsabilités quant aux leçons qu’elle donne aux joueurs les plus jeunes. »
Un éditeur pourrait, en revanche, faire bouger les lignes dans les prochains mois. Et pas n’importe lequel : Rockstar, papa de la très sulfureuse, adulte et grandiose série GTA vient d’annoncer la parution, à l’automne prochain, d’un supplément à GTA IV intitulé… The Ballad of Gay Tony. Selon les premières informations, le joueur ne jouera pas lui-même le personnage d’un homosexuel, mais devrait accompagner un parrain et roi de la nuit -le fameux Gay Tony. L’homosexualité dudit Tony n’a pas encore été confirmée, mais l’histoire turbulente du développeur, sa passion pour le non-politiquement correct et pour l’ancrage de ses histoires dans un réel sans tabous semble indiquer que les strictes frontières morales du jeu vidéo pourraient bouger un peu plus vite. Mais n’allons pas trop vite en besogne : on se souviendra tout de même de l’énorme scandale qu’avait provoqué en 2005, chez les familles horrifiées, le mod Hot Coffee de Gran Theft Auto San Andreas -un petit secret du jeu offrait au joueur une torride scène de cul, amusant beaucoup fiston mais rendant les bigots fous de rage.
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