Retour de l’indépendance, gratuité des jeux, découpage en épisodes, disparition des consoles : le marché du jeu vidéo connaît ces dernières années une mue discrète et multiforme. Pour le meilleur ?
Le retour de l’indépendance
Passé l’ère des pionniers, où les jeux s’inventaient pour certains dans les garages familiaux, après le boulot entre amis ou par de microsociétés artisanales est venue, pour le marché du jeu vidéo, l’ère industrielle. Puis, avec la croissance exponentielle, mondiale, délirante des revenus liés aux jeux vidéos, est advenue l’ère du blockbuster, des franchises, séries sans fin d’un même jeu. La créativité pure, l’invention, l’innovation ont pour grande partie déserté le monde vidéo-ludique : avec des supports techniques de plus en plus puissants, les coûts de production ont également augmenté, poussant les éditeurs à abandonner l’idée même de risque et d’innovation, à niveler leurs jeux vers l’attrape-tout sans saveur, à enchaîner les suites à succès.
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Il restait, évidemment, quelques indépendants. Quelques voix isolées dans le désert, trop loin des systèmes de distribution classique pour trouver un véritable et large public. Mais le désert, depuis quelques années, a été irrigué : la plateforme de téléchargement Steam, Microsoft avec le Xbox Live, Sony avec son Playstation Store, dans une moindre mesure Nintendo avec les systèmes plus fermés Wii et DSi Ware ont notamment ouvert des canaux simples, permettant à de petits éditeurs de publier plus simplement leurs jeux, et de leur offrir un véritable écho. Des jeux souvent moins beaux, moins techniques, moins sexy ; mais des titres parfois bien plus passionnants et novateurs que les grandes créations achetées 70 euros en magasin. Jouez à l’extraordinaire Braid sur PC ou Xbox, et vous regretterez sans doute la ruine d’autres titres majeurs bouclés en deux heures.
Le phénomène de l’indépendance trouve son paroxysme sur iPhone, devenu une véritable plateforme de jeu autant qu’un téléphone : l’AppStore déborde d’applications ludiques, souvent à bas prix, souvent très excitantes. Des jeux qui sont souvent l’œuvre de micro structures, voire d’individus isolés, qui ne sont pas encore aliénés aux gros éditeurs -ou décident clairement de ne jamais le faire. Menacée, la PSP, console portable Sony, change elle aussi de modèle pour sa prochaine mouture : la PSP Go abandonnera tout support physique pour n’accueillir que des jeux dématérialisés –titres officiels des éditeurs habituels comme, sans doute, œuvres plus discrètes mais pas moins bonnes des studios indépendants.
Le jeu gratuit, les jeux par épisodes
Jeux en flash sur le net ou titres massivement multi-joueurs à accès libre, le phénomène n’est pas tout à fait nouveau mais s’est trouvé un porte-étendard bruyant et très officiel avec Battlefield Heroes, issu de la très grosse maison Electronic Arts : il est désormais possible de jouer tout à fait gratuitement à de véritables productions « de haut niveau ». Tout à fait, mais pas tout à fait : la base du jeu est effectivement accessible à tous sans bourse délier, mais le modèle économique, pas encore universellement probant, est basé sur les achats in game, micro-transactions financières par lesquelles le joueur peut aquérir des armes indisponibles dans la version de base, des costumes inédits, des objets utiles à sa quête, des niveaux, etc. Très en retard dans un jeu vidéo aux audiences pourtant massives et captives, la publicité est évidemment elle aussi mise à contributions pas les éditeurs pour rentabiliser leur jeu, voire un peu plus.
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