« J’avais peur. Je ne voulais pas qu’il m’arrive une bricole ». Après avoir hésité, un manifestant s’est confié au journal Le Monde après avoir reçu un projectile qui a détruit son œil, lacéré sa paupière et engendré cinq fractures au visage.
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Un étudiant engagé
Il s’appelle Jean-François Martin, originaire de Rennes. Il n’est pas un militant dans l’âme mais s’est intéressé au projet de loi El Khomri à travers les assemblées générales de son université de Rennes-II. Motivé et engagé, il s’est rendu à quelques manifestations plutôt calmes avant de participer à celle qui allait bouleverser sa vie. Le 28 avril dernier, en pleine manif, cet étudiant de 20 ans a été grièvement blessé.
La manifestation prend une tournure « violente »
Par peur des débordements et des mouvements de violence, la mairie de Rennes a pris de fermes décisions. Il faut dire que la ville a déjà dû faire face à des antécédents conséquents : une manifestation contre un meeting du Front national (en 2014). Une autre, plus récente (en 2016), contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Deux manifs qui ont dégénéré et marqué les esprits. Comme le raconte Jean-François au Monde, c’est à partir du blocage des accès du centre-ville de Rennes aux manifestants, que les mobilisations ont pris une tournure différente.
« c’est à partir de là qu’a démarré la lutte pour le centre-ville. Le fait qu’on n’ait pas le droit de manifester comme on veut, ça a rendu les manifestants et les policiers plus violents. Le centre, c’est symbolique, c’est là qu’on nous entend et qu’on nous voit. La place du Parlement, c’est celle du peuple »
La zone interdite attisait les aspirations des manifestants. Ainsi les têtes de cortège se détachaient du trajet officiel pour atteindre leur objectif principal : se retrouver sur la place du parlement.
Ciblé par les policiers, l’étudiant a été grièvement blessé à l’oeil
L’étudiant rennais a déjà été blessé au cours d’une manifestation précédente. Le 9 avril dernier, il a reçu une balle de Flash-Ball dans le mollet droit. Apeuré par le climat de violence qui se hissait, Jean-François Martin n’a pas repris la route du cortège avant le 28 avril… date fatidique!
Une fois n’est pas coutume, plusieurs centaines de personnes ont tenté de progresser dans la rue Jean-Jaurès, bloquées par les forces de l’ordre. La scène s’est déroulée dans une ambiance apocalyptique : « des cris, des gens qui se marchent dessus, des projectiles« … Tout s’est passé très vite. En quelques minutes après avoir subi deux charges de policiers, Jean-François a été touché. L’œil en sang, il a été secouru et amené à l’hôpital afin d’être opéré au plus vite.
Une plainte contre X
Le lundi 2 mai, il a porté plainte contre X pour « violences aggravées ayant entraîné une infirmité permanente« . Dans l’incompréhension totale, ses parents, reçus le même jour par le préfet de Bretagne, ont insisté sur le fait que leur fils n’a pas le profil d’un casseur. « On connaît bien Jean-François, ce n’est pas un casseur. Rien ne justifie une telle attaque« , racontent-ils au Monde.
L’enquête préliminaire ouverte le 29 avril par le parquet de Rennes est en cours. Confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), celle-ci n’a pas encore certifié que la munition d’un lanceur de balles de défense – type Flash-Ball – soit la cause de la blessure du manifestant. Deux médecins légistes ont été saisis afin de donner leur point de vue.
Des témoins certifient les faits
Pourtant pour les personnes présentes sur place, « il n’y a aucun doute« . Un membre de l’équipe médicale au sein des manifestants et deux autres personnes, ont certifié les faits « Je l’ai vu se retourner et tomber. Ce n’était pas un projectile de manifestant, une pierre ou une fusée, parce que c’était bien trop rapide ». Des photos prises par Hugo Poidevin, militant à l’Union des étudiants communistes (UEC) sont utilisées en guise de preuve. On y distingue des policiers utiliser le LBD 40 (un lanceur de balles de défense) à proximité de l’endroit où le jeune homme a été blessé. Depuis le début du mouvement social, douze dépôts de plaintes pour des violences policières ont déjà été enregistrées à Rennes.
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