Situé cette fois-ci dans une Nouvelle-Orléans menacée par la catastrophe, le second tome d’ »Infamous » gagne en intérêt dans le mode de partage online des créations des joueurs.
En 2009, le premier Infamous tombait à pic. Sorte d’Assassin’s Creed (un monde ouvert, des bâtiments à escalader) assaisonné à la sauce comics, il rebondissait astucieusement sur la problématique – qui ne pouvait que toucher l’amateur de jeux vidéo – des films Spider-Man et de la série Heroes. Nous voilà soudain dotés de pouvoirs surhumains – ici, la maîtrise de l’électricité. Qu’allons-nous donc en faire ?
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Tout l’intérêt du premier volet venait de la découverte progressive de nos nouvelles capacités et de la tension permanente que celles-ci engendraient : allions-nous les utiliser pour faire le bien ou juste le malin (bondir au hasard, effrayer les passants) dans son univers quasi réaliste ? La première limite d’Infamous 2 est évidente : le dilemme a perdu de sa fraîcheur, d’autant que les gars et filles du studio américain Sucker Punch n’ont pas opté pour un vrai changement de point de vue.
http://youtu.be/QAwkUscboH4
Seul le décor est vraiment revu : quittant le simili-New York du premier jeu, nous voilà lâchés dans une Nouvelle-Orléans reconstituée (avec talent, cela dit). Une catastrophe s’annonçant encore, le spectre de l’ouragan Katrina succède à celui du 11 Septembre au coeur d’un récit par ailleurs très fantaisiste.
Le dépaysement s’arrêtera là. Après l’apprentissage incrédule, place à la continuité appliquée, voire à la répétition déguisée. Le plaisir de jeu ne disparaît pas pour autant mais, pour qui a parcouru avec entrain les rues du premier Infamous, la découverte émerveillée n’est plus, le temps est au tourisme compulsif. Sur notre radar-guide de voyage, une multitude de points s’allume. On cherche les trésors cachés – il nous les faut tous -, on traque les missions facultatives – aucune ne nous échappera. L’expérience se révèle sans conteste prenante mais, au fond, un peu triste. D’autant que les défauts du jeu, à commencer par ses hoquets techniques, se révèlent plus voyants que jamais.
Les auteurs d’Infamous 2 ont pourtant eu une bonne idée : permettre au joueur de concevoir ses propres épreuves et de les diffuser via internet. Le fruit des efforts d’une multitude de game designers amateurs s’invite ainsi dans notre aventure solitaire. Pour un résultat évidemment inégal, mais qui donne au jeu une tout autre dimension, pour ne pas dire une âme, le rendant plus étrange, instable, varié, vivant. A défaut de faire totalement oublier son manque criant de nouveauté.
Erwan Higuinen
Infamous 2 sur PS3 (Sucker Punch/ Sony, environ 60 euros)
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