La grande aventure de science-fiction des auteurs du remarqué ”Superbrothers: Sword & Sworcery EP” impressionne par son style et sa profondeur mais souffre d’une maniabilité hasardeuse.
Et l’on constate une fois de plus qu’un jeu superbe peut aussi, et même simultanément, se révéler catastrophique. C’est souvent le drame des audacieux, en particulier quand ils ne peuvent pas compter sur les mêmes moyens financiers et humains que les gros studios. C’est aujourd’hui le cas de JETT: The Far Shore, la nouvelle œuvre, dix ans après, des créateurs du remarqué Sword & Sworcery EP.
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Ce jeu d’aventure et d’exploration spatiale au style graphique et au ton singuliers, nouveau représentant avant-gardiste de la petite famille protéiforme des jeux d’immersion sensorielle et philosophique (Subnautica, Outer Wilds, In Other Waters), mêle phases de dialogues, déambulation modérée en vue subjective et pilotage d’un petit vaisseau, le Jett qui donne son titre au jeu. Ce véhicule devrait resurgir régulièrement la nuit pour nous hanter au cours des prochaines années.
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« Invitation divine »
Nous sommes Mei, une jeune femme envoyée en éclaireuse sur une planète-océan dont elle doit analyser la faune et la flore en suivant les instructions, dans une langue inventée, de celles et ceux qui l’accompagnent et ne la lâchent pas, comme si les bavardages de Star Fox s’invitaient chez Jenova Chen ou Fumito Ueda. Car malgré son allure “ouverte”, JETT ne relève pas de la dérive libre mais du jeu porté par son récit, qui sait parfaitement où il veut nous emmener. Et qui nous fait passer par de drôles d’états.
“On doit répondre à l’invitation divine de l’onde cantique” s’entend dire l’héroïne de ce grand trip SF où l’on se dirige en captant des “résonances” avant de chercher un coin ombragé pour se protéger quand l’“iridescence” menace nos instruments de navigation. En vol, on recherche de la vapeur pour nos réacteurs, on fuit les “tourmenteurs” ou les serpents électriques, on s’installe un abri dans lequel faire une pause et peut-être dormir, non sans avoir au préalable échangé quelques mots avec notre compagnon Isao.
Pertes et grands espoirs
Tout cela est bien beau, comme un nouveau 2001 mis en musique par Dead Can Dance, un pèlerinage éthéré et néanmoins périlleux, une histoire de grands espoirs et de pertes irrémédiables dans un monde que, pour une fois, il ne sera pas question de soumettre à nos désirs colonisateurs mais d’observer avec le plus grand respect.
Aussi subtil et troublant soit-il, JETT: The Far Shore est aussi un jeu à la maniabilité par moments affreuse. Pas au point qu’il soit impossible d’en venir à bout, mais suffisamment pour nous extraire brutalement de son univers. Pire : entre ces imprécisions, la volonté (bien réelle) de nous faire perdre nos repères et quelques bugs ponctuels, on ne sait bientôt plus si l’on se trouve face à une épreuve éprouvante mais pensée comme telle (façon Death Stranding) ou à un dispositif ludique au fonctionnement hasardeux. Et là, dans ce doute plus encore que dans l’irritation née de nos échecs répétés, JETT nous perd. Au vu de sa grande beauté, on en est profondément désolé.
JETT: The Far Shore (Superbrothers/Pine Scented) sur PS4, PS5 et Windows, de 24 à 30 €
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