Tout sur les tribulations de Jérôme Cahuzac, ce ministre du Budget socialiste qui fraudait le fisc.
En décembre 2012, Jérôme Cahuzac, ministre délégué au Budget, est accusé par le journal en ligne Mediapart d’avoir dissimulé l’existence d’un compte bancaire secret en Suisse. Le ministre réfutera cette affirmation pendant plusieurs mois, puis finira par admettre la fraude. Il démissionnera en mars 2013 et sera poursuivi en justice.
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Commentant l’affaire en voix off, Gérard Miller la retrace en lui appliquant sa grille de lecture psychanalytique. Il décrit le parcours de cet étrange chirurgien happé par la politique dans les années 80, devenu conseiller de Claude Evin, ministre de la Santé de Mitterrand.
Il ment avec l’aplomb “d’un enfant pris en faute”
Un personnage viril, dont le comportement et le volontarisme (en apparence) sans faille trahissent en fait, d’après le psy de la télé, une certaine insécurité. Cahuzac “en fait des tonnes” lorsqu’il nie effrontément à la télévision ou devant l’Assemblée nationale l’existence de ce compte en Suisse. Comme le dit un intervenant dans ce documentaire, il ment avec l’aplomb “d’un enfant pris en faute”.
C’est-à-dire qu’il n’a pas la rouerie de l’homme politique aguerri qui noie subtilement le poisson pour embobiner son monde. Pour Miller, cette assurance surjouée est un symptôme des complexes de Cahuzac, phobique de la fragilité, qui met constamment en avant son tempérament sportif, qui n’hésite pas à sauter en parachute avec la Légion étrangère durant son mandat.
Par ailleurs, ce documentaire révèle l’étendue de la duplicité du ministre, auquel certains prêtaient un brillant avenir. Celui-ci ne se serait pas contenté de dissimuler des sommes importantes. Leur provenance est également questionnée. On parle de trafic d’influence et de “pantouflage” (le fait qu’un ancien responsable politique ou haut fonctionnaire émarge au secteur privé).
Une dérive croissante des classes dirigeantes
Outre des activités lucratives de chirurgien esthétique, Cahuzac aurait, après son départ du poste de conseiller au médicament du ministère de la Santé, travaillé pour diverses firmes pharmaceutiques (dont Pfizer) dans les années 90.
Ce pragmatisme sans scrupules n’a pas réussi à Cahuzac, dont la carrière politique se conjugue désormais au passé. Son cas témoigne néanmoins d’une dérive croissante des classes dirigeantes, dont on peut dire qu’elle a été officialisée par un président de la République, Nicolas Sarkozy, qui allie l’effronterie à l’amoralité. Tout comme celui qui fut son ministre du Budget, Eric Woerth – ami de Jérôme Cahuzac, ce qui n’est peut-être pas un hasard.
Cette nouvelle classe politique, donc, parle haut, paraît pragmatique et sans manières, et ne s’embarrasse apparemment pas d’états d’âme pour parvenir à ses fins. Sans oublier un goût ostentatoire pour les signes extérieurs de richesse (Cahuzac collectionne les montres… suisses).
Pas spécialement une question de vulgarité, mais il y a une tendance de la classe politique, de droite ou de gauche, à assumer en priorité ses intérêts propres au détriment de ceux qui l’ont mandatée. Dans ce domaine également, le comportement plus éthique de certains élus de pays du Nord pourrait servir de modèle.
Jérôme Cahuzac – L’homme qui ne savait pas mentir documentaire de Gérard Miller et Anaïs Feuillette. Mardi 28, 22 h 55, France 3
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