Comment est-il possible de consacrer une biographie à un garçon de 23 ans? C’est la question que pose dès le départ Jean-Marc Philibert, l’auteur de Jean Sarkozy, le fils doré.
D’entrée de jeu, le décor est planté. Le « héros » du livre et son entourage ont refusé de répondre aux questions de l’auteur. « Laissez-moi du temps, de l’expérience, je n’ai encore rien fait », s’est justifié Sarkozy-fils auprès du journaliste. Pourtant, à 23 ans, Jean Sarkozy a déjà sévi. On se souvient de l’épisode Martinon aux dernières municipales –« On te soutient à mort », avait lancé Jean, avant de faire campagne contre lui- et de l’Epad. Dès lors, le fils Sarkozy est parvenu à se faire un prénom. Bien au-delà des frontières de Neuilly.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
A ceux qui croient pourtant tout connaître du blondinet qui s’est refait une coupe au carré pour se donner un look je-suis-grand-et-je-fais-de-la-politique-tout-comme-mon-père, le journaliste souligne que le personnage est en fait plus complexe. Une sorte de Nicolas Sarkozy génétiquement modifié.
Même aisance à l’oral que son père, même sens de la pirouette pour se sortir d’une situation compliquée et même physique avec 20 cm en plus. Sans le côté bling bling, le goût de l’exposition de sa vie privée ou le caractère explosif.
Sauf devant ses rivaux politiques avec lesquels le rapport de force n’est jamais totalement équilibré. Et pour cause: le père-Président n’est jamais loin. Comme en ce moi de mars 2008 où le chef de l’Etat saisit son téléphone pour appeler Patrick Devedjian, alors patron de l’UMP. Et lui indiquer clairement que son fils serait le meilleur candidat pour prendre la tête de la section UMP de Neuilly. Et voilà le fiston du Président à la tête de la plus grosse section UMP de France. « Jean a fini par faire sienne la prophétie de son père, il est in-nar-rêt-able. » Et gourmand.
« Un obstacle inattendu »
Après Neuilly, Jean Sarkozy s’est mis en tête d’obtenir la présidence de l’Epad, cet établissement public qui gère le quartier d’affaires de la Défense. Là encore, Papa Nicolas a été d’un grand secours en nommant, le 15 juillet 2009, Hervé Marseille au Conseil économique et social. Libérant de facto pour son fils cadet, un poste d’administrateur à l’Epad…
« La mécanique bien huilée va pourtant buter sur un obstacle inattendu, relate l’auteur, une opinion publique mobilisée comme jamais contre ce qu’elle considère relever d’un privilège indu ».
Dès lors, « le fils est sacrifié au nom du père ». Sauf que Jean ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Cantonales de 2011, législatives de 2012, municipales de 2014.
« Les portes de la politique demeureront pour lui grandes ouvertes tant que Nicolas Sarkozy siègera à l’Elysée ».
Après, la donne sera différente. Et il lui faudra élaborer un vrai programme.
« C’est l’une de ses principales faiblesses. Etre né ne résume pas une pensée politique et aujourd’hui, le jeune homme n’en a aucune. »
Jean Sarkozy, le fils doré, de Jean-Marc Philibert, Editions Max milo, 252 pages, 18 €.
{"type":"Banniere-Basse"}