Dans un entretien à paraître ce jeudi 9 avril, Jean-Marie Le Pen prend la défense du maréchal Pétain et dit qu’il faut » impérativement sauver l’Europe boréale et le monde blanc ». Contacté par les Inrocks, le président d’honneur du FN a confirmé ses propos explosifs qui interviennent juste après la polémique sur sa phrase sur les chambres à gaz sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin.
C’est un entretien qui va faire l’effet d’une bombe. Le journal ouvertement antisémite et pétainiste Rivarol a diffusé de larges extraits d’une interview qualifiée en une d’ « exclusive et à cœur ouvert du président d’honneur du Front national » Jean-Marie Le Pen. Dans ce numéro en kiosque le 9 avril prochain, il réagit à la polémique qui a suivi ses propos réitérés sur « les chambres à gaz » qui sont à ses yeux, un « détail de la Seconde Guerre mondiale ».
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Dans ce long entretien accordé au directeur de publication de Rivarol Jérôme Bourbon et à l’ancien député frontiste Robert Spieler, Le Pen pousse la provocation jusqu’à réhabiliter le maréchal Pétain :
« Je n’ai jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître (…) Je considère que l’on a été très sévère avec lui à la Libération (…) Je n’ai jamais considéré comme de mauvais Français ou des gens infréquentables ceux qui ont conservé de l’estime pour le Maréchal. Ils ont selon moi leur place au Front national comme l’ont les défenseurs de l’Algérie française, mais aussi les gaullistes, les anciens communistes et tous les patriotes qui ont la France au cœur ».
« Il faut impérativement sauver l’Europe boréale et le monde blanc »
Interrogé sur la défense du monde blanc, Le Pen répond qu’il faut « impérativement nous entendre avec la Russie pour sauver l’Europe boréale et le monde blanc ».
Quant à Manuel Valls, le président d’honneur du FN n’a pas hésité à l’attaquer sur ses origines comme il l’avait fait par le passé avec Nicolas Sarkozy.
« Nous sommes gouvernés par des immigrés et des enfants d’immigrés à tous les niveaux. Estrosi et Ciotti à Nice, Mariani, ce sont des gens dont les parents étaient italiens. Je n’ai rien contre les Italiens ni contre les Espagnols. Je n’ai rien non plus contre le fait que Valls ait les mêmes droits civiques que moi mais cela ne lui donne pas l’autorisation de me donner des conseils ou de me faire des remontrances sur le plan de la morale civique (…) Valls est Français depuis trente ans, moi je suis Français depuis mille ans. Quel est l’attachement réel de Valls à la France ? Cet immigré a-t-il changé du tout au tout ? Qu’a-t-il apporté à notre pays ? J’admire beaucoup l’Espagne, c’est un grand pays. Malheureusement Manuel Valls ne nous transmet pas de la civilisation espagnole ce qu’elle a de plus remarquable, qui est justement son esprit chevaleresque. Valls n’est pas un caballero, c’est un très petit monsieur ».
Dans cet entretien renoue même avec les attaques d’avant-guerre avec ce que l’extrême droite appelait la « Ripoublique » :
« Ils commencent à me gonfler tous avec la République ! (…) Je comprends tout à fait qu’on mette en cause la démocratie, qu’on la combatte ».
Attaque en règle contre Florian Philippot
Face à la condamnation quasi unanime des dirigeants du FN suite à ses propos prononcés sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, Jean-Marie Le Pen s’en prend également à l’entourage de sa fille, et notamment à Florian Philippot, numéro 2 du mouvement :
« Je crois que l’origine politique de certains actuels dirigeants du Front a plus d’importance que leur comportement personnel. Je pense à l’influence nocive d’un homme que je trouve pour ma part tout à fait détestable : Jean-Pierre Chevènement. Il a les apparences d’un patriote alors qu’il est au fond un marxiste. L’influence chevènementiste, si elle continue de s’exercer, est nuisible. Cette tournure d’esprit m’est totalement étrangère »
Candidat déclaré aux prochaines élections régionales
Furieux de voir sa fille le désavouer publiquement, Jean-Marie Le Pen se déclare candidat lors des prochaines élections régionales :
« Je suis candidat à la présidence de la région PACA par la logique des choses ».
Contacté par les Inrocks, Jean-Marie Le Pen a confirmé ses propos. « Je ne vois pas où le problème », s’est étonné le président d’honneur du parti.
En 2005, Le Pen avait déjà créé la polémique dans Rivarol
En 2005, suite à des propos off de Jean-Marie Le Pen publiés dans l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol où il déclarait que “l’occupation allemande n’avait pas été aussi inhumaine”, Marine Le Pen avait menacé de démissionner de son poste de vice-présidente. “Je crois qu’en son for intérieur, elle a envisagé d’arrêter la politique”, nous confiait à l’époque l’un de ses amis. Furieuse, elle ne délaissera finalement que temporairement sa fonction, mais s’exila sur le champ dans la maison familiale de La Trinité-sur-Mer pour faire le point. C’est Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du parti et amie de Marine Le Pen qui avait permis la reconciliation entre la père et sa fille.
Rivarol, le dernier refuge du vieux chef
En 2014, Le Pen s’était déjà épanché dans Rivarol après avoir parlé de faire « une fournée » du chanteur Patrick Bruel de confession juive. Interrogé par les Inrocks sur le choix de ce journal antisémite et pétainiste en 2014, le président d’honneur s’est défendu ainsi :
« Marine Le Pen dit d’eux : “Ce sont des chiens, il n’y a rien à faire avec ces gens là, il faut les chasser à coups de pied”. Moi je suis d’avis que dans la bataille qui va venir, qui va être une bataille de rupture car ça sera une campagne présidentielle, il faut avoir le maximum d’alliés et le minimum d’ennemis. Je m’efforce donc de désarmer certaines oppositions apparemment irréductibles. Je suis dans mon rôle de médiateur en quelque sorte, de sage, c’est ce qui m’a conduit à accorder à Robert Spieler cette interview, qui est à mon avis irréprochable. Je n’ai employé aucun terme qui puisse être considéré comme blessant. Rivarol ce n’est pas grand monde, c’est un groupuscule. Leur audience représente quelques milliers de personnes. Mais dans une bataille nationale, ce sont des éléments qui jouent. C’est une nuance de l’opinion française, il faut en tenir compte. Quand on veut avoir la majorité dans un pays, il faut essayer d’avoir tout le monde avec soi. Comme je pense que l’horizon est sombre, que les épreuves vont être dures et que les chances sont minces pour la France, il faut essayer de démonter les hostilités. Ca ne fera pas de Rivarol, l’axe principal de la campagne de Marine Le Pen. Je ne sais pas si l’entourage de Marine le comprend mais j’essaye de démonter les hostilités »
Suite à la radicalité de ses nouveaux propos, il est certain que Jean-Marie Le Pen risque d’avoir dû mal à faire comprendre sa démarche auprès de sa fille et de la direction du FN. Statutairement, il demeure incontournable au sein du FN. Son rang de président d’honneur du Front national lui donne le droit de siéger dans toutes les instances du mouvement, bureau exécutif compris. Mais cette nouvelle polémique pourrait pousser Marine Le Pen à exclure son père du mouvement qu’il a si longtemps présidé…
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