Lundi 15 février, Jean-Luc Mélenchon a lancé sa campagne pour la présidentielle au théâtre Dejazet à Paris. L’occasion de répondre aux critiques qui ont fusé suite à sa candidature inopinée.
Il n’y a pas eu de levée de rideau, ce 15 février au théâtre Dejazet, à Paris. A quoi bon ? L’incipit et le personnage principal sont déjà connus : Jean-Luc Mélenchon s’est proposé d’être candidat à la présidentielle de 2017, et il n’a pour cela demandé « l’autorisation à personne », comme il l’a déclaré sur le plateau de TF1, le 10 février.
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« Non je ne suis pas un solo, je suis un déclencheur »
Pour la première fois depuis sa proposition de candidature, il a répondu aux critiques qui lui ont été adressées de la part notamment de certains ex-partenaires du Front de gauche en 2012 devant une salle bondée venue le soutenir. Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, avait estimé que le « peuple de gauche n’a(vait) pas besoin d’une candidature en solo » et n’était « pas préoccupé par le casting ».
« Alors je m’avancerais en solo? Mais non je ne suis pas un solo, je suis un déclencheur, à l’image du mouvement que je voudrais déclencher, a répliqué Mélenchon. Quelqu’un a dit : ‘on n’a jamais vu une démarche aussi césarienne de la part de quelqu’un qui condamne la Ve République.’ Mais alors condamner la pollution de l’air nous obligerait à ne pas respirer ? Je suis un démocrate, républicain, j’évolue dans les institutions dont le pays est doté et je tâche d’en tirer le mieux, y compris dans ce que je condamne le plus fermement de leur fonctionnement. »
Hors partis
Cette critique a fusé notamment de la part du politologue, sympathisant du Front de gauche, Philippe Marlière, qui lui reproche sa stratégie plébiscitaire et individualiste. Jean-Luc Mélenchon a toutefois reçu le soutien d’Eric Coquerel, coordinateur national du Parti de gauche (PG) et de plusieurs cadres du PG présents ce soir-là.
L’ex-candidat du Front de gauche en 2012, qui avait rassemblée 11% des suffrages (4 millions d’électeurs), a justifié sa stratégie supra-partisane par le déficit de confiance et d’honnêteté des partis politiques :
« J’ai quand même demandé l’avis de pas mal de monde, mais l’autorisation non. Et en tout cas à aucun parti. Alors cela nous classerait aussitôt dans les césariens? Parce que personne n’a remarqué qu’aujourd’hui une action honnête est difficilement menable si l’on se réclame d’un parti ? Vous ne sauriez pas qu’il est devenu très difficile d’être à la fois socialiste et membre du Parti socialiste? Que c’est très difficile d’être de l’écologie politique et membre d’EELV? »
Le bilan « héroïque »du Front de gauche
L’eurodéputé membre du Parti de gauche n’a pas épargné son propre camp sur le constat d’échec à construire une alternative crédible, en raillant le « bilan héroïque des actions du Front de gauche, perdu dans le margouillis de ses alliances à géométrie variable, illisibles, incompréhensibles », et « dirigé par des dirigeants qui passent plus de temps à se faire des croche-pieds (…) qu’à essayer d’entraîner les autres ».
Jean-Luc Mélenchon revendique à ce jour 40 000 soutiens sur son site de campagne, et 200 groupes d’appui locaux, qu’il espère pouvoir mettre à contribution pour récolter les 500 signatures de maires nécessaires à sa candidature.
Passé ce point campagne, il a développé son programme, une « actualisation de L’Humain d’abord », celui qu’il avait défendu en 2012, en s’appuyant sur les thèses de L’Ere du peuple, dont il présentait l’édition de poche : définanciarisation de l’économie, planification écologique, sortie de l’OTAN… « Ne laissez pas l’élection de la sixième puissance économique du monde être confisquée par une bande de marioles qui ont décidé de transformer ça en un jeu de petits chevaux », a-t-il encore lancé.
L’histoire se répète…
Quant à la primaire de gauche, il a encore une fois expliqué les raisons de sa prise de distance, ne souhaitant pas répondre à un appel dont 38 des 40 signataires sont des opposants à lui. Au passage, il tacle « Cosse et Placé qui la semaine d’avant étaient au premier rang » des débats pour l’organisation de ces primaires. Ambiance.
A la différence du meeting unitaire du Front de gauche qui avait marqué le lancement de la campagne de 2012 place de Stalingrad à Paris, il n’y avait pas d’étendards partisans au meeting à huis clos qui s’est déroulé ce 15 février. Dans ce décor théâtral, on ne peut s’empêcher de penser à la fameuse citation de Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte : « Tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois […] la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ».
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