Premier tour de l’Euro et premier tour des législatives. Raymond Domenech nous a donné rendez-vous à 10 heures devant une crêperie bretonne dans le XVe arrondissement de Paris. Avec quelques minutes de retard, l’ancien sélectionneur des Bleus déboule, veste militaire américaine M65 noire sur le dos, d’une bonne humeur évidente. En marchant vers le bureau […]
Premier tour de l’Euro et premier tour des législatives. Raymond Domenech nous a donné rendez-vous à 10 heures devant une crêperie bretonne dans le XVe arrondissement de Paris. Avec quelques minutes de retard, l’ancien sélectionneur des Bleus déboule, veste militaire américaine M65 noire sur le dos, d’une bonne humeur évidente.
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En marchant vers le bureau de vote, l’homme qui présida aux destinées des Bleus durant six ans ne peut s’empêcher de commenter le résultat du match de l’Euro disputé la veille. Défaite 1-0 du Portugal face à la Mannschaft. “Je suis déçu, j’avais mis une pièce sur le Portugal”, dit Raymond, qui n’a visiblement rien perdu de sa clairvoyance.
« J’espère que je ne me suis pas planté de bureau de vote »
Quelques minutes de marche plus tard, arrêt devant l’école élémentaire de la rue Falguière pour aller voter. Au moment de traverser la cour de récréation et ses platanes, Raymond s’interroge. “J’espère que je ne me suis pas planté de bureau de vote. La dernière fois, c’était là.” Petit checking des listes électorales, puis l’ancien coach se rend dans l’isoloir.
Après cinq bonnes minutes passées à consulter les astres, Raymond Domenech ouvre le rideau et sort en esquissant un sourire. Il tient dans sa main droite une enveloppe et dans sa main gauche, les bulletins de vote qu’il n’a pas retenus. La présidente du bureau contrôle son passeport. Tout semble en ordre depuis sa dernière escale en Afrique du Sud. Le coach glisse son bulletin dans l’urne et signe la feuille d’émargement. L’assesseur s’interroge : “Vous ne seriez pas entraîneur ?”
Au moment de sortir de l’école, Raymond Domenech, pris d’un élan de conscience citoyenne, demande au personnel présent : “C’est dans quinze jours, le prochain tour ?” “Non, dans une semaine”, répond un assesseur. Consultant pour la chaîne MCS durant l’Euro, Domenech maîtrise mieux le calendrier des retransmissions sportives que celui des législatives.
« C’est mon côté ado contestataire »
“Je n’ai jamais été engagé politiquement car je n’ai jamais voulu perdre mon indépendance d’esprit”, se défend Domenech. Mais son cœur penche à gauche. “A l’extrême gauche, même”, précise-t-il. Mélenchon ? “Non, plus à gauche encore, mais je ne vous dirai pas qui”, répond-il avec le sourire. Une chose est sûre, le vote de l’ancien entraîneur lyonnais lors de la présidentielle se situe quelque part entre Poutou et Arthaud. “Je sais que ce n’est pas une solution, mais c’est mon côté ado contestataire.”
Pourtant, pour le plaisir de la provoc, il ne peut s’empêcher de défendre Sarkozy.
“Quand j’étais sélectionneur, tout le monde essayait de raisonner à ma place. J’ai l’impression que c’est la même chose avec Sarkozy. Soixante millions de personnes se sentent capables d’être sélectionneur ou président de la République. Moi, j’estime que je n’ai pas les compétences pour juger son quinquennat.”
Souvent comparé à l’hyperprésident pour son style de management, Domenech assure qu’il ne rejouera plus les “hypersélectionneurs”. “Avant, je m’occupais de tout. De l’organisation des déplacements au marketing. Aujourd’hui, je déléguerais un peu plus.”
Au moment de nous quitter, devant chez lui, on finit par évoquer le fiasco de Knysna lors de la Coupe du monde 2010. Fataliste, ce fils de Catalan assure qu’il n’a aucun remords : “Si je devais continuer à vivre avec le passé, je ne vivrais pas.” Son rêve ? “Remplacer Trapattoni à la tête de l’équipe d’Irlande. J’adore leur mentalité. Qu’ils perdent ou qu’ils gagnent, ils sont bourrés et font la fête.”
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