Jawad Bendaoud, relaxé le 14 février dernier, a accordé une interview à BFMTV dans laquelle il présente ses excuses aux familles des victimes et raconte son désir d’une vie « calme », loin de Saint-Denis.
C’est sur une plage du sud de la France, bien loin du tumulte parisien, trois semaines après sa relaxe, que l’équipe de BFM TV a rencontré Jawad Bendaoud pour une interview diffusée mercredi 7 mars dans la soirée. Vêtu d’une veste du club de foot de Manchester City, celui qui a défrayé la chronique durant un procès épique a troqué ses lunettes de vue contre des verres teintés « parce qu’avec les lunettes de soleil, on ne me reconnaît pas, avoue-t-il, je ne veux pas être à Saint-Denis, je veux être en retrait. »
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C’est d’ailleurs la première interview que le jeune homme, accusé de « recel de malfaiteur » après avoir loué un appartement à deux auteurs des attentats parisiens du 13-Novembre, accepte de donner depuis que le tribunal correctionnel de Paris l’a blanchi de l’accusation de “recel de malfaiteurs terroristes », le 14 février dernier. Et son premier mea culpa : « Je présente mes excuses à toutes les familles des victimes », a-t-il déclaré.
« Je pensais être condamné »
Devant la caméra, Jawad Bendaoud se souvient du « soulagement » qu’il a ressenti à l’annonce du verdict. « Je pensais être condamné parce qu’il y a l’opinion publique », admet-il. « Les juges ont fait preuve de courage. »
“Quand vous êtes innocent, la seule défense, c’est l’attaque”
Et revient sur son attitude durant le procès que les médias ont qualifiée de « surréaliste », jonglant entre déclarations loufoques et interruptions intempestives. « Quand vous arrivez dans un procès et que vous êtes innocent, la seule défense c’est l’attaque. Quand on subit ce que j’ai subi, il y a de quoi être énervé », justifie-t-il.
Document BFMTV. "Les juges ont fait preuve de courage", témoigne Jawad Bendaoud pic.twitter.com/G9vPZXSnCS
— BFMTV (@BFMTV) March 7, 2018
Un comportement qu’il explique également par les 27 mois passés à l’isolement. « Ça faisait deux ans que j’étais en train de subir l’isolement, des railleries, des lynchages sur internet », se défend-il, avant d’ajouter, « on a une vie normale, on rentre chez soi, on se met un petit film, et le matin, on se réveille, on est dans une affaire d’attentat. C’est pas tout le monde qui aurait tenu. »
Réinsertion difficile
Désormais, il désire mener une vie tranquille, a quitté la région parisienne pour un lieu moins exposé. « Je ne fais rien de spécial. Je suis à la maison. […] Je ne sors que pour les trucs utiles comme faire les courses, je ne sortirai pas pour aller boire un verre avec quelqu’un », décrit-il. Et avoue ne pas être retourné sur les lieux de l’assaut à Saint-Denis.
“Je serai toujours associé à cette histoire, on dira toujours ‘c’est le logeur’ ”
Depuis qu’il a quitté la prison de Fresnes (Val-de-Marne) où il était incarcéré dès novembre 2015, la réinsertion n’est, cependant, pas aisée. « Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, je serai toujours associé à cette histoire, on dira toujours ‘c’est le logeur’ », déplore-t-il avant d’évoquer les entraves qu’il rencontre dans sa recherche d’emploi : « C’est difficile pour quelqu’un de m’embaucher quand je suis associé à une affaire comme celle-là. »
« Je présente mes excuses à toutes les familles des victimes »
Depuis sa retraite, il s’adresse enfin aux proches des victimes qui s’étaient révoltés face à la décision des juges en février dernier : « Je présente mes excuses à toutes les familles des victimes […] Je ne connaissais pas l’identité des individus que j’ai hébergés et je veux que les familles des victimes le sachent. […] J’ai hébergé les gens qui ont tué leurs proches, je comprends tout à fait qu’ils aient une haine contre moi, mais je n’ai rien à voir. »
Si le parquet a fait appel, Jawad Bendaoud se dit « serein » dans l’attente du prochain procès et se prédestine à une vie « calme » et « sans vague », avec son fils. « J’essaie de me remettre dans le bain, comme si j’étais en apnée jusqu’à maintenant et que je sortais enfin de l’eau. Il faut reprendre son souffle, là je reprends mon souffle », conclut-il.
Une interview critiquée sur les réseaux sociaux
Ses excuses n’ont cependant pas été du goût de tous, sur Twitter, certains internautes ont jugé le principe de l’interview « honteux » et les propos de l’intéressé « indécents ».
Tristesse de voir Jawad sur BFM TV en mode à la plage en touriste en mode people
— Guillaume Pley (@guillaumepley) March 7, 2018
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