Via des photos chocs avec des visages tuméfiés, une campagne en ligne réclame le vote d’une loi contre les violences conjugales en Russie.
Des plaies, du sang qui coule, des hématomes, et un message écrit en lettres noires sur une bouche : « Je ne voulais pas mourir ». Depuis plusieurs jours, des femmes russes se mobilisent sur les réseaux sociaux pour appeler le gouvernement à présenter un projet de loi contre les violences domestiques dans le pays.
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Tout commence le 19 juillet, lorsque l’activiste russe des droits de l’Homme Alena Popova poste sur Instagram une photo d’elle le visage tuméfié et le sang dégoulinant de son arcade. Elle a les genoux recroquevillés autour de ses bras, sur lesquels les mots suivants sont inscrits : « #янехотелаумирать » (« #Je ne voulais pas mourir »). S’il s’agit en réalité d’un maquillage, mais la photo n’en reste pas moins forte et bouleversante. En légende, elle explique sa démarche : « En Russie, il y a 16 millions de victimes de violences domestiques. En Russie, le violeur est protégé, pas la victime ».
Deux affaires médiatisées
Elle mentionne deux affaires récentes qui ont bouleversé le pays. Celle des sœurs Khacuaturyan, qui risquent 20 ans de prison pour le meurtre de leur père qui les battait et les violait depuis leur plus jeune âge. Ainsi que le cas d’Oksana Sadykova, poignardée par son mari alors qu’elle avait déjà rapporté des faits de violences à la police. « Il n’y aurait pas autant de morts s’il y avait une loi », conclut Alena Popova, qui avait déjà lancé une pétition sur ce sujet trois ans plus tôt. « En Russie, il n’y a pas de loi concernant spécifiquement les violences domestiques, et seulement 3 % des affaires impliquant ces abus sont jugées devant les tribunaux », explique France 24.
Cette campagne a été suivie par des centaines d’autres activistes et influenceuses russes, comme Alexandra Mitroshina. Suivie par près de 2 millions de personnes sur Instagram, celle-ci a aussi posté une photo d’elle le visage meurtri, avec le fameux slogan dessiné sur ses lèvres.
Une Russe sur cinq
Un filtre Instragram a même été créé spécialement pour cette campagne. Il permet de faire apparaître des bleus et des éraflures sur le visage, ainsi que le slogan. Serafima Fofanova, 25 ans explique à France 24 pourquoi elle a choisi de participer à ce mouvement : « Dans les familles, les violences domestiques sont fréquentes, mais elles restent taboues. Il ne se passe rien jusqu’à ce qu’une tragédie se produise. [Les auteurs de ces violences] sont des criminels et devraient être punis pour ce qu’ils font. » Dans son post sur Instagram la jeune femme décrit les coups assénés par son père à sa mère avec un fer à repasser.
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Selon une étude officielle citée par un rapport de l’organisation Human Rights Watch, au moins une femme russe sur cinq a été victime de violences physiques. On y apprend également le mépris, voire le comportement humiliant de certains policiers envers les femmes qui viennent porter plainte. Depuis 2017, les peines pour violences commisses au sein du cercle familial ne sont plus punies d’une peine d’emprisonnement, mais d’une simple amende. « L’année qui a suivi, le nombre de cas de violences domestiques signalées à la police a été réduit de moitié, laissant supposer que la loi a dissuadé les femmes de porter plainte », indique France 24.
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