Le torchon brûle-t-il entre Emmanuel Macron et l’armée française ? L’incroyable séquence racontée par Le Monde semble valider cette hypothèse. Elle a débouché sur une déclaration explosive, le dimanche 15 juillet dans le JDD, du chef des armées au chef d’état major Pierre de Villiers : « Si quelque chose oppose le chef d’état-major au président de la République, le chef d’état-major change. »
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Comment est-on arrivé à une situation ou le plus haut représentant de l’armée française se trouve dans la quasi-obligation de présenter sa démission ? Pour comprendre le mécanisme de cette énième crise de gouvernance touchant la présidence d’Emmanuel Macron, il faut revenir au mardi 11 juillet. Ce jour-là, Gérald Darmanin, ministre des comptes publics, annonce que la solidarité interministérielle n’assumera pas les surcoûts des opérations extérieures comme le prévoit la loi. Un coût estimé à 850 millions d’euros, à la charge donc de l’armée française.
« Je ne me laisserai pas baiser comme ça »
Cette décision déclenche l’ire de Pierre de Villiers, maintenu à son poste de chef d’état-major pour un an, le 30 juin. Comme le détaille Le Monde, il proteste devant le président de la République, en conseil de défense, puis devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale. Les mots sont lourds : « Je ne me laisserai pas baiser comme ça« , lance-t-il vindicatif, sous l’applaudissement des députés présents.
Des termes qui sont revenus aux oreilles du président. Le lendemain, à l’occasion d’un hommage rendu aux troupes qui vont défiler le 14 juillet, il tape du poing sur la table :
« Je considère qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique. (…) Je suis votre chef. (…) Je n’ai besoin de nulle pression et de nul commentaire. »
Mais Pierre de Villiers n’a que faire de cet avertissement présidentiel. Le 14 juillet, il publie sur Facebook une lettre aux soldats, comme à son habitude Ayant pour thème la confiance elle se conclut ainsi : « Une fois n’est pas coutume, je réserve le sujet de ma prochaine lettre. » C’est cette énième sortie qui a déclenché la prise de parole du président de la République dans l’édition du JDD du 15 juillet
Macron frappé par « l’ivresse des sommets »
Cette séquence a été largement commenté par la classe politique. Jean-Luc Mélenchon, président du groupe parlementaire de La France Insoumise à l’Assemblée nationale a ironisé sur « l’ivresse des sommets » qui a, selon lui, saisi Emmanuel Macron. Dans un texte intitulé Jupiter déraille publié sur son blog, le député des Bouches-du-Rhône a jugé « préoccupants » les « signaux » envoyés par le chef de l’État et sa « méthode ».
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