Roberto Saviano, homme de plume italien, a critiqué la politique migratoire de son pays dans un communiqué exclusif au Monde le 21 juin. Le même jour, l’État italien menace de lui retirer la protection policière dont il bénéficie depuis la publication de Gomorra qui lève le voile sur la mafia italienne. Vendredi 22 juin, Saviano tient tête au ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini.
« Buffone ». C’est par cette injure que l’écrivain Roberto Saviano n’hésite pas à invectiver le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini, après qu’il a menacé l’auteur de se voir privé de sa protection policière.
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Rapport de force
« Tu crois que je dois avoir peur de toi ? », demande Roberto Saviano, l’air narquois, face caméra sur une vidéo publiée sur Facebook. L’écrivain et journaliste est devenu mondialement célèbre suite à la publication de Gomorra en 2006. Cette oeuvre, dont a été tirée la série du même nom, met en lumière le fonctionnement de la Camorra, la mafia napolitaine. Celle-ci s’étend inexorablement vers l’Espagne et l’Amérique du sud, les réseaux de l’organisation criminelle ne connaissent pas de frontières.
«Tu crois que je dois avoir peur de toi?» Menacé par le ministre d'extrême droite Matteo Salvini de se voir retirer sa protection policière, Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, contre-attaque: il accuse Salvini d'être aux mains de la mafia calabraise. Ça envoie! pic.twitter.com/GpXu73VE8I
— Loopsider (@Loopsidernews) June 21, 2018
Depuis la publication du phénomène Gomorra, Roberto Saviano vit sous protection policière permanente. Dès la publication de son oeuvre, menaces de mort et autres présages funestes émanant de la Camorra se sont multipliées. Et il bénéficie donc d’une protection policière permanente.
Une condamnation à mort indirecte
Les critiques que l’écrivain a formulé contre la politique migratoire italienne dans un texte exclusif publié par Le Monde le 21 juin ont déplu au gouvernement transalpin. Roberto Saviano s’insurge notamment contre le refus italien d’accueillir l’Aquarius avec 629 hommes, femmes et enfant à son bord, et se moque de la politique du gouvernement populiste Salvini-Di Maio, qu’il dit se concrétiser plus « dans les talk-shows et réseau sociaux que dans la réalité ».
Dans la foulée, Matteo Salvini a menacé de suspendre la protection policière qui entoure Roberto Saviano. Le chantage, qui revient pour le journaliste à choisir entre le silence ou la mort, met clairement à mal la liberté d’expression italienne, ce que les soutiens en faveur de Roberto Saviano n’ont pas laissé passé. Avec sa réponse cinglante au gouvernement italien, Roberto Saviano refuse de se voir imposer un tel choix. Depuis, les marques de soutien et solidarité ne cessent de se multiplier de toutes parts sur Twitter avec des hashtags comme #IostoconSaviano, « je suis avec Saviano ».
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