Invité de l’émission “la Grande Confrontation” mercredi 13 novembre, sur LCI, le philosophe a lancé cette phrase en plein débat avec la militante féministe Caroline De Haas. Des propos qui ont fortement choqué les internautes.
Le philosophe Alain Finkielkraut et la militante féministe et membre de #NousToutes Caroline De Haas faisaient partie des invités de la Grande Confrontation, sur LCI, mercredi 13 novembre. Le thème de cette émission animée par David Pujadas, où les personnalités présentes étaient censées débattre sur la liberté d’expression : “Toutes les opinions sont-elles bonnes à dire ?”
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Comme le raconte ce papier du Monde, Finkielkraut s’en est notamment pris à la notion de culture du viol – c’est à dire le fait de banaliser les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes – en disant ceci : “On parlait autrefois des viols, et par les viols, on dénonçait les passages à l’acte, la pénétration forcée. Aujourd’hui, il y a la culture du viol. On englobe dans la culture du viol les blagues salaces, les dragueurs lourds, les attouchements et jusqu’à la galanterie. De nombreux chercheurs et chercheuses parlent de la galanterie comme une forme de culture du viol. Ainsi assiste-t-on à cette extension du concept de sexisme. Il y aurait, en France, énormément de violeurs en puissance. Résultat : le politiquement correct, ce n’est pas la bienveillance, c’est la méfiance, c’est l’insulte, c’est l’anathème. C’est une manière de rendre la vie publique, la conversation civique absolument impossible. Le politiquement correct, c’est le calvaire de la pensée.” De quoi faire dire à Caroline De Haas que l’écrivain, en affirmant ceci, “insult[e] les femmes de victimes de viol” – citant au passage un chiffre dévoilé par l’Observatoire des violences faites aux femmes, en novembre 2018 : le fait qu’en moyenne, sur une année, 94 000 femmes majeures déclarent avoir été victimes de viol ou de tentative de viol.
Par la suite, la militante féministe évoque le cas de Roman Polanski, réalisateur accusé à de multiples reprises de viol par plusieurs femmes, dont, récemment, une photographe française. Caroline De Haas fait alors référence, comme le souligne Libé, à une vieille interview accordée par Finkielkraut à France inter, où l’écrivain estimait que Polanski n’était pas “pédophile” [en 1977, Samantha Geimer, 13 ans, l’avait accusé de viol. Polanski, toujours poursuivi par la justice américaine pour cette affaire, avait à l’époque plaidé coupable pour détournement de mineure, ndlr] : “Quand une fille de 13 ans est violée par un réalisateur, en l’occurrence Polanski, et qu’on dit que ce n’était pas vraiment un viol. Quand vous dites ça, Monsieur Finkielkraut, c’est le message que vous envoyez à toutes les petites filles qui ont été violées dans ce pays.”
🗣@carolinedehaas sur les remarques de #Tex, #Zemmour et #Bigard :
"Ils sont d'une grande violence parce qu'ils banalisent la réalité de ce que subissent des centaines de milliers de femmes en France"
📺 #LaGrandeConfrontation pic.twitter.com/weqAKt61Wh
— LCI (@LCI) November 13, 2019
C’est à ce moment-là qu’Alain Finkielkraut, versant dans la caricature – ses propos étant présentés par la suite comme du “second degré” par David Pujadas -, affime : “Violez, violez, violez ! Je dis aux hommes : violez les femmes. D’ailleurs, je viole la mienne tous les soirs !”
"Je dis aux hommes : violez les femmes. D'ailleurs, je viole la mienne tous les soirs".
Alain Finkielkraut, hier, sur @LCI 😡😱
Monsieur, vous banalisez le viol. Vous insultez toutes les femmes victimes de viol conjugal.
✊ RDV samedi 23/11, à 14h, à Opéra, pour dire STOP. pic.twitter.com/Ed4mvIc3cg— #NousToutes (@NousToutesOrg) November 14, 2019
Contactée par les Inrocks, Caroline de Haas s’est dite choquée par le profond “décalage d’Alain Finkielkraut avec la réalité”. “Il y a une méconnaissance du viol et une violence telle dans ses propos, que cela peut réveiller des traumas chez les femmes victimes de viol (…) C’est extrêmement blessant d’entendre ‘viol’ tout le temps. Il y a une sorte de déni de la part de ces personnes. Mais leurs propos ont des conséquences.”
Au lendemain de la polémique, la militante fait cette analyse : “Il y a une stratégie d’inversion de la culpabilité. Dans l’imaginaire d’Alain Finkielkraut les personnes qui agressent sont les victimes.”
La twittosphère s’agite
Sur Twitter, la séquence diffusée par le collectif #NousToutes a largement suscité l’indignation :
https://twitter.com/carolinedehaas/status/1194909588421824513
https://twitter.com/lynamalandro/status/1194924540717076480
https://twitter.com/Assma_MD/status/1194924016034816001
Jusqu'à quand va-t-on devoir subir cet effroyable personnage, raciste et misogyne, sur toutes les antennes? https://t.co/PYv7NfjdSO
— @monachollet.bsky.social – Mona Chollet (@monachollet) November 14, 2019
Des propos condamnables en justice.
Alain #Finkielkraut, cela s'appelle de l'"incitation au viol". @LCI allez-vous encore inviter cette créature préhistorique? @csaudiovisuel https://t.co/9sKgj6ogVX— Hélène Bidard (@Helenebidard) November 14, 2019
Ce sexisme décomplexé et nauséabond en plein direct est illégal.
Alain Finkielkraut doit être poursuivi pour incitation au crime ; ses propos doivent être sévèrement sanctionnés ! @justice_gouv #NeRienLaisserPasser https://t.co/mgv6ZrOiWn— Gabrielle Siry-Houari (@GabrielleSiry) November 14, 2019
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