Portrait d’un petit prince du gonzo au succès fou.
Bryan Rothstein, aka James Deen, juif californien, acteur porno le plus en vogue du moment, fascine. Au-delà de son champ de compétences. Breat Easton Ellis veut lui donner le premier rôle de The Canyon, film dont il vient d’achever le scénario. De Seattle à Miami, les adolescentes raffolent des gifs animés qui alimentent jour après jour son Tumblr.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pas de quoi en faire un plat. L’intéressé garde la tête froide, continue, l’air de rien, de poster des paquets de phrases funky sur son compte Twitter. Ainsi, parmi une trentaine d’autres interventions datées du 17 mars, peut-on lire:
« A l’avenir, je pense me nourrir exclusivement de ce qu’on trouve dans les stations-service et sur le sol ».
Une citation qui sent l’essence, le cuir brûlant et la poussière mais ne dit rien en creux. Oubliez le message. Deen est un mec cool. C’est tout. Il suffit de le savoir. Un vrai faux rebelle sans cause, à une époque ou l’engagement est souvent perçu comme une breloque un peu kitsch.
Pourtant, s’il emprunte la nonchalance électrique des personnages de Nicholas Ray, le jeune hardeur ne s’en est pas moins forgé une réputation à la force du poignet. Avec 500 scènes à son actif dès sa première année dans le game, Deen pulvérise tous les records de productivité. Impressionnant. En vrai. Mais, en soi, pas non plus de quoi abattre les cloisons d’un genre duquel on s’échappe avec peine. Transcender la condition d’acteur porno n’est pas donné à tout le monde, pas comme ça.
Aussi, lorsqu’on regarde une de ses scènes, on est en droit de se demander pourquoi. Pourquoi lui, alors qu’à première vue rien ne semble distinguer ses performances de celles des autres acteurs. Même brutalité matinée de caresse. Même mode opératoire, enchevêtrement de pratiques ritualisées. James Deen possède de solides notions de référencement. Il baise par mots-clés : deep-throat, anal, gaping, ass to mouth, cumshot. Ouais. Peut-être. Mais en disant ça on n’a rien dit de ce qui fait la férocité diaphane du personnage.
Si Deen plaît tant aux filles et que les garçons s’identifient à lui, c’est sans-doute qu’il ressemble un peu à monsieur tout le monde. A Justin Timberlake, à toi, à un hypster, à une version premium du voisin d’en face. Au charolais cuit et recuit arborant un tatouage tribal sur le biceps droit, Deen oppose un physique neutre, façonnable, miroir sur lequel chacun peut projeter ses fantasmes. Ni gros, ni maigre. Pas vraiment musclé. Plutôt mignon, pas non plus super canon. Sur sa cheminée, plusieurs trophées d’homme le plus performant de l’année. Pourtant, lorsque Deen se tape une nana, sous la froide mécanique, on croit deviner une certaine fragilité. La possibilité d’une rupture. Elle ne s’y trouve pas. Pas grave. Il suffit de pouvoir l’envisager. Il n’en faut pas davantage pour redonner à l’acte amoureux sa fébrilité. Sa seule vraie force de pénétration.
{"type":"Banniere-Basse"}