“Est-ce que Monsieur Cahuzac est un homme cynique, duplice, d’une froideur incroyable, capable de faire une chose et son contraire ou un homme qui a d’autres complexités ?”, s’interrogeait le président du tribunal correctionnel de Paris le 7 septembre. L’attitude de Jérôme Cahuzac lors de ses audiences ne laisse pas d’intriguer. Lapidaire, stoïque, impassible : […]
« Est-ce que Monsieur Cahuzac est un homme cynique, duplice, d’une froideur incroyable, capable de faire une chose et son contraire ou un homme qui a d’autres complexités ? », s’interrogeait le président du tribunal correctionnel de Paris le 7 septembre. L’attitude de Jérôme Cahuzac lors de ses audiences ne laisse pas d’intriguer. Lapidaire, stoïque, impassible : en dépit de la gravité des faits – son épouse et lui sont poursuivis pour fraude fiscale et blanchiment, et il encourt jusqu’à sept ans de prison et un million d’euros d’amende -, il reste sur sa réserve, n’exprime pas ses sentiments.
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« Toute ma vie ne se résume plus qu’à ça »
Ce 13 septembre, auditionné par le tribunal correctionnel de Paris sur un des derniers aspects de l’affaire, les déclarations d’impôt mensongères, il en a fait de nouveau la démonstration : « Les sommes qui m’ont été réclamées ont été intégralement payées », déclare-t-il avec précision. Son épouse et lui se sont déjà acquittés d’un redressement fiscal de 2,3 millions d’euros.
Un peu plus tard pourtant, l’ancien ministre du Budget sort enfin de ses gonds, à l’évocation de sa descente aux enfers. A propos de son mensonge à la tribune de l’Assemblée nationale, il s’émeut enfin :
« Toute ma vie ne se résume plus qu’à ça. Il me faut l’accepter mais c’est très douloureux. Ces images qui passent en boucle jusqu’à la nausée résument ce que je suis censé être aux yeux de tous »
« Je rase les murs au propre, comme au figuré »
Et de relater à demi-mots qu’il a failli se suicider en apprenant l’ouverture d’une information judiciaire en mars 2013. « La femme avec qui je vis part à l’étranger, raconte-t-il. Je vais être seul trois jours, je dois prendre une décision : continuer à nier, avouer, ou une autre ». Il opte pour cette troisième solution. « Je suis vraiment désolé d’être comme ça en public », lâche-t-il, en larmes, avant que l’audience ne soit suspendue.
La visite d’« un ami très cher » le convainc de renoncer au suicide. Le 2 avril 2013, il avoue sur son blog. Devant le président du tribunal correctionnel, il évoque son calvaire depuis, et les effets de ses aveux :
« Dans la rue, les gens m’insultent et filment ma réaction avec leur smartphone. Je rase les murs au propre, comme au figuré, j’ai pris l’habitude de marcher les yeux baissés »
Son fils aurait même éprouvé des difficultés à trouver un emploi : « Une grande entreprise a refusé d’embaucher mon fils, en lui disant ‘avec le nom que vous avez, c’est compliqué' ». Jérôme Cahuzac a trouvé refuge en Corse, où il ne sent bien que lorsqu’il est seul, dit-il. « Ce n’est pas à moi de dire si ce que j’ai fait mérite cela. Je vous dis simplement ce que je vis », conclut-il.
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