Désormais Nabilla Benattia me suit sur Instagram. L’affaire a été pliée en quelques minutes, dans un restaurant du XVIe arrondissement de Paris. Avec un peu de retard, elle déboule, chemisier échancré évocateur, longue chevelure brune détachée. Délicatement, l’égérie des Anges de la téléréalité dépositaire du fameux “Allô, non mais allô quoi !” (une sombre histoire […]
Désormais Nabilla Benattia me suit sur Instagram. L’affaire a été pliée en quelques minutes, dans un restaurant du XVIe arrondissement de Paris. Avec un peu de retard, elle déboule, chemisier échancré évocateur, longue chevelure brune détachée. Délicatement, l’égérie des Anges de la téléréalité dépositaire du fameux « Allô, non mais allô quoi ! » (une sombre histoire de shampooing), prend place juste en face de moi. Après avoir commandé un thé citron, elle prend son iPhone et cause réseaux sociaux. « Sur Twitter, je raconte ma vie, sur Instagram, le rapport est plus intime avec mon public », explique-t-elle avant de vanner son attachée de presse, assise juste à côté. « Elle ne comprend pas tout ça. Elle prononce ça : ‘Am stram gram », se marre Nabilla.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour marquer le coup, on se décide à immortaliser la rencontre sur le réseau de partage de photos. Devant l’objectif, Nabilla assure le show et se saisit de deux fourchettes. On publie l’image. Soucieuse, Nabilla nous demande l’adresse de notre compte pour vérifier le cliché et poste quelques smileys en guise de commentaire. Rapidement, la jeune fille nous stalke et tombe sur une photo de Booba. Elle en profite pour évoquer ses goûts musicaux:
« J’aime bien Daft Punk aussi. Ce qui me fascine, c’est qu’ils ne cherchent pas la célébrité. Moi si je mettais un casque comme eux, je serais placardisée direct ! »
La célébrité, elle semble tout faire pour y parvenir depuis son adolescence. Première émission de télé-réalité à 17 ans, première opération pour se faire refaire les seins à 18. Mais ce ne sont pas ses photos lascives qui lui ont permis d’atteindre la panthéonisation médiatique. C’est une simple tirade visionnée, et parodiée, des dizaines de millions de fois. Comme Mickaël Vendetta ou Pedobear, c’est la culture de la réappropriation spécifique au web qui a élevé Nabilla au rang d’icône, pas la télévision. Lucide, Nabilla sait que son image ne lui appartient plus vraiment:
« Les gens ont une vraie familiarité avec moi. Quand je me balade dans la rue, ils m’agrippent par la taille, il n’y a pas la distance qu’il peut y avoir avec d’autres célébrités », explique-t-elle.
Âgée d’à peine 21 ans, la bimbo ponctue constamment ses phrases de « lol! » sortis de nulle part. Nabilla ne parle pas, elle slamme. Ayant arrêté l’école à 13 ans, elle a tendance à « nabilliser » la langue française. « Avant, j’avais des complexes par rapport à mon manque de culture. J’avais peur de parler. Maintenant, même quand je ne sais pas qui est Jean Valjean, je me lance et je me dis qu’au pire, je ferai rire les gens. »
Sur la table, on a disposé des photos pour les lui faire commenter. On tombe sur Kim Kardashian à qui elle a été souvent comparée. Son visage s’illumine et Nabilla prend des accents de diplômée d’école de marketing : « C’est une it-girl qui a tout compris (…) Elle ne vend pas de CD mais elle a réussi à cultiver son image pour rester sur le marché. » Pour Rachida Dati, elle commente avec le sourire : « Elle a l’air d’aimer le shopping autant que moi, ça nous fait un point commun. » Au sujet de Le Pen qu’elle avait qualifié de « mec marrant » dans Libé, elle précise : « Je voulais juste dire que ça me faisait rigoler qu’un homme comme ça fasse un commentaire sur ma poitrine. »
« Parmi les politiques que vous m’avez montrés, je ne m’identifie à personne et je pense que beaucoup de jeunes ressentent la même chose. Il va peut-être falloir que je songe à me présenter à la présidentielle, du coup », balance-t-elle façon Cicciolina. Pour se marrer, Nabilla dessine même les contours de sa « VIe République » et égrène quelques propositions : « J’augmenterai le smic, je baisserai les loyers et j’instaurerai une semaine de 4 jours. » Le nom de son parti ? « Joie, argent et Louboutin. »
{"type":"Banniere-Basse"}